CHAPITRE III.
Consolation inattendue.— Revue de la prison.— Nouvel
interprète.^— O n donne un compagnon à M. G o lo v n
in .— L e s Russes menés devant le commandant.— *
L eu r in te r ro g a to ire .— Importunités pour écrire e t
dessiner sur des éventails.— Effetsapportés aux Russes.
*—Expédient de M. Golovnin pour noter les événe-
mens.— Nouvel interrogatoire devant le commandant.
— Question sur l ’expédition de Chvostoff.— Excessive
curiosité des Japonois. — L e ttre de l ’équipage de la
Diane à M. Golovnin.— Nouvelles et découvertes désagréables.—
Politesse des Japonois dans les interrogatoires.—
Dernière visite au commandant.— Scène
comiqïje'.-ü-tIdées des Japonois sur les comètes.— Les
Russes sont menés à Matsmaï.— Détails du voyage.'—
Ils entrent dans'une nouvelle prison.
J e restai long-temps presque sans connois-
sance. Enfin j ’aperçus à la fenêtre un homme
qui me fit entendre par signes que je pouvois
m’approcher de lui. lim e donna à travers la
grille deux petits gâteaux sucrés, et me fit
signe de les manger promptemeiU, sans que
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personne le v î t , parce qu’il pourrait lui eri
arriver malheur. J’éprouvois dans ce moment
de l’horreur pour toute espèce de nourriture;
néanmoins, pour ne pas chagriner cet homme,
je m’efforçai à manger ses gâteaux. Il me
quitta d’ùn air très-content, et me promit de
m’en apporter d’autres à l’avenir. Je le remerciai
le mieux qu’il me fut possible, et je
m’étonnai de ce qu’iin homme q u i, d’après
son exté rieur, appartenoit à la plus basse
classe, fût doué d’un si bon coeur et. pût
se décider à courir des risqués pour faire
quelque chose d’agréable à un malheureux
étranger.
On vint m’apporter à manger ; thaïs je n’eïi
avais pas la moindre envie^ et je renvoyai
tout; le soir, je fis de même. Tantôt je me
couchois sur le plancher ou sur un banc ;
puis je me levois, je m’assevois et je songeois
aux moyèns d’échapper. A cet effet j’examinai
avec là plus grande attention la construction
de ma cage; elle avoit six pieds carrés et
huit pieds de haut. Des barreaux en bois
faits -avec des solives assez épaisses, et auxquels
tenoit la porte avec une serrure, la
séparoient du corridor. Les parois étoient
percées de deux fenêtres fermées en dehors
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