grande ponctualité, et revint le soir même.
Les Japonois l’avoient accueilli très-amicalement;
ils chargèrent dans son canot plus de
cent gros poissons. Apprenant que je devois
venir le lendemain matin, ils m’engagèrent à
ne partir que lorsque le brouillard seroit dissipé,
et à amener quelques officiers avec moi.
J’avoue que cette dernière invitation auroit
du m’inspirer quelques soupçons; mais je fis
la faute dè ne pas croire ce que dit M; Y a -
kouschkin; c’étoit un officier extrêmement
curieux et très-zélé pour le service. Il vou-
loit être partout, tout apprendre, et tout
voir lui-même. Je supposai doiic qu’il étoit
fâché de ce que j’allois toujours seul à terre,
et qu’en conséquence il avoit imaginé cette
invitation pour que je le menasse avec moi
le lendemain. Ce qui me confirma dans cette
idée, c’est qu’au même instant il me demanda
la permission de m’accompagner ; mais ayant
déjà fait choix du midshipman Moor et du
sturman Chlebnikoff, je fus obligé de le refuser.
Le 11 juillet,à huitheures du matin, j ’allai
donc aterre avec MM. Moor et Chlebnikoff,
quatre matelots du premier rang,Dmitry Si-
manoff, Spiridion Makaroff, Michel Schkaïeff,
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et Grégoire Vassilieff; enfin le kourile Alexis.
J’étois si convaincu de la nature amicale de
nos relations avec les Japonois, que je n’a vois
donné ordre à personne de prendre des armes.
Les deux officiers et moi, nous n’avions que
nos épées ; M. Chlebnikoff avoit en outre
emporté un, petit pistolet de poche, plutôt
pour pouvoir faire un signal en cas de brouillard
que pour se défendre. En passant devant
le petit baril qui étoit encore exposé, nous
regardâmes si nos objets en avpient été enlevés;
tout s’y trou voit. Je n;ie rappelai de
nou veau la relation de Laxmann , et je pensai
que les Japonois avoient été fidèles à leur
usage, de ne pas accepter 4e pré-sens avant la,
fin des négociations.
Nous abordâmes tout près du fort. L ’oya-
goda et deux officiers, les mêmes que j ’avois
vus la veille, vinrent au-devant de nous. Ils
me prièrent d’attendre un peu sur le rivage,
jusqu’à ce que tout fût prêt dans le fort, pour
notre réception. Afin que rien , dans notre
conduite , n’éveillât le moindre soupçon chez
les Japonois, je fis haler notre canot à moitié
à terre, et n’y laissai qu’un seul homme.
J’ordonnai aux autres de nous suivre , em