manger autant qu’il pourront de tôut ce qu’on
lu i servoit. Les médecins japonois s’inquiètent
très-peu du régime que doivent suivre
leurs malades; ils leur recommandent simplement
de beaucoup manger. Plus le malade
mange , plus le médecin conçoit des espérances
favorables ; car, dans l’opinion de lafacullé
de ce pays, un bon appétit est toujours le
symptôme d’une prompte guérison.
M. Moor s’étantplaint de la mauvaise nourriture
qu’on nous donnoit, le commandant
en second, qui se nommoif Otaki K o ëk i, lui
demanda ce que les Russes mangeoient dans
leurs maladies, cc Tout ce que prescrit le médecin
, répondit M. Moor , et notamment du
V bouillon de poulet ». Alors Otaki Koëki
s’informa, dans le plus grand détail, de la
façon dont les Russes préparoient ce bouillon,
ajoutant que les Japonois pourroient aussi en
faire pour nous. M. Moor lui expliqua minutieusement
comment il falloit s’y prendre,
et Otaki Koëki le mit aussitôt par écrit; mais
ce n’étoit que par curiosité ou par dérision ,
car il ne fut plus du tout par la suite question
de bouillon de poulet, et l’on nous servit
aussi mal qu’auparavant.
Cet officier étoit le seul Japonois quibadinât
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assez fréquemment avec nous, Il nous promit
de la viande, du beurre, du lait, parce que,
disoit-il, les Russes aimoient ces clioses-là ;
mais , quelques jours après, il s’excusa, en
plaisantant, sur ce que les vaches paissoient
encore dansla prairie. Une fois, il nous donna
du saki, et rne pria de vouloir bien ordonner
aux matelots de chanter et de danser, disant
qu’il a voit vu une danse russe lorsque M. Lax-
mann vint au Japon, et qu’elle lui a voit fait
très-grand plaisir. Je lui répondis que, dans
notre position , personne au monde ne pourrait
nous y contraindre : cc Juste, juste, reprit-
« i l , les Japonois, dans votre position, ne
cc voudroient ni chanter ni danser. »
Indépendamment des officiers de service
qui nous visitoient à des temps fixes , l ’inter-
prètre Koumaddjero et le médecin Togo pas-
sôient tous les jours avec nous six heures, et
môme plus. Us nous montroient toutes sortes
de choses , nous en demandoient le nom en
russe , et s’en composaient des vocabulaires,
mais chacun pour son compte ; quand l’un
étoit avec nous , l’autre se lenoit avec l’autre
moitié de notre bande réunie à M. Chlebni-
koff. Le médecin étoit assez instruit en géographie
; il avoit un globe japonois très-bien