ils disent franchement qu’ils en étoient déjà
instruits.
... Indépendamment des papiers dont les Ja-
ponois souhaitoientavoir la traduction, Teské
et Koumaddjero apportèrent une grande quantité
d’autres choses, et des traductions de livres
européens, sur lesquels ils nous deman-
doient des éclaircissemens ou notre opinion;
mais ce dont ils s’occupoient le plus étoit
l ’examen des traductions, et la méfiance
excessive propre à leur nation entre pour
beaucoup dans l’intérêt qu’ils y mettoient.
Ils nous montrèrent, entre autres, un tableau
chinois, qui représentoitCanton. On y voyoit
les pavillons des diverses nations européennes
flotter au-dessus de leurs comptoirs. « Pour-
« quoi, nous demandèrent-ils, le pavillon
« russe ne s’y trouve-t-il pas? » Leur en
ayant expliqué la raison, ils s’informèrent
pourquoi nous avions eu le dessein d’aller
dans un port où il ne demeuroit pas de négociant
russe. Ils furent très-surpris, et faillirent
à ne pas nous croire, lorsque nous leur
dîmes que, dans un cas pareil, les Européens
étoient dans l’usage de s’aider les uns les autres,
de quelque nation que l’on fût. Teské
nous fit aussi voir le dessin d’un canon en
bronze de dix-huit livres de balle, fondu par
les Hollandois. Il se vantoit beaucoup de ce
qué, deux cents ans auparavant, dans la dernière
guerre avec les Coréens, les Japonois^
entre autres trophées, leur avoient enlevé
cette pièce d’artillerie. Mais l’inscription latine
que l’on y lisoit nous apprit q u il n y
a voit guère plus de cent ans qu’elle avoit
été fondue pour la compagnie hollandoisô
des Indes orientales ; néanmoins, pour ne pas
faire honte à Teské, nous n’en dîmes rien, et
nous nous récriâmes avec admiration sur
l ’incroyable bravoure des Japonois. On nous
présenta encore un dessin de la Nctd&schdct,
frégate sur laquelle Resanoff étoit arrivé a
Nangasaki, et l’on nous demanda ce que si-
gnifioit le pavillon à l’arrière de ce bâtiment,
et d’autres pavillons européens que M. de
Krusenstern avoit coutume de déployer
vraisemblablement quand il vouloit décorer
sa frégate; ce qui nous étonné 1® p lu s , furent
les cartes de tout le voyage de ce bâtiment,
dressées par les Japonqis que Resanoff
avoit amenés de Saint-Pétersbourg. On y
v o yo it le Danemark, l ’Angleterre, les îles
Canaries, le Brésil, le cap Horn, les ilesMar«*