« semblable sur une des Kouriles qui nous
y> appartiennent, ne seroit-il pas ridicule
« de notre part d’en imputer la. faute à l’em-
« pereur du Japon ? »
Les Japonois écoutèrent notre discours
avec attention, et répondirent à tout :o u i,
ç’est juste; mais c’étoit toujours en riant, et,
selon les apparences, ils n’en crurent pas un
mot : ils voulurent savoir la signification
réelle du papier de Chvostoff, où il avoit pris
Jes papiers , et si Chvostoff et Nicolas San-
dreyetsch étoient effectivement la même personne.
En traduisant la pancarte, nous fûmes
obligés d’assurer les Japonois que ces expressions,
une frégate russe, signifioient non
seulement un bâtiment de guerre de l’empereur,
mais aussi un navire marchand appar-
tenantaux Russes. Comme l’expérience nous
avoit fait connoître nos amis les Japonois,
nous traduisîmes le ruban de l ’ordre de Saint-
Vladimir, par ruban rayé; car, si nous eussions
donné à ce ruban son vrai nom , nous
eussions été fatigués de questions pendant
cinq à six heures au moins. Il eût fallu dire
par qui l’ordre avoit été fondé , et dans quel
Rut-; ce que c’étoit que Saint-Vladimir, à quelle
époque il avoit régné, ce qui l’avoit rendu
célèbre, pourquoi son nom avoit été donné à
l ’ordre , s’il existoit d’autres ordres en Russie,
de quels privilèges ils jouissoient ; en un mot,
il eût fallu expliquer les statuts de tous les
ordres. Le mot rayé nous sauva tous ces détails.
Quant a la médaille, nous dîmes aux
Japonois qu’en Russie, personne n’avoit le
droit d’en porter un e , à moins que l’empereur
ne l’eût accordé. Les soldats obtenoient des
médailles d’argent quand ils s’étoient distingues
a la guerre; quand ils mouroient, chacun
pouvoit les acheter. Nous ne savions pas si
Chvostoff avoit fait l’acquisition de la sienne,
ou s’il l’avoit prise à quelqu’un de ses gens,
qui avoit pu auparavant lagagner au service de
l ’empereur. Quant au nom de Chvostoff, tout
ce que nous pouvions leur dire, c’est que les
bâti mens qui a voient fait l’attaque étoient sous
le commandement du ci-devant lieutenant
Chvostoff, alors au service de la compagnie
d Amérique ; et que s’il leur étoit connu sous
le nom de Nicolas Sandrèÿetsch,1 ce ne pouvoitnéanmoins
être que la même personne.
Les Japonois nous laisse! e n t áller après que
nous eûmes fait ces réponses; e t.le lendemain
matin , premier septembre, ils nous conduisirent,
dans le meme ordre, chez le commani
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