nous avions besoin ; mais ils nous avoient
accueillis hostilement, etnerépondoient pas
à nos propositions amicales.
Dans cette position critique, je demandai
a chaque officier son avis par écrit sur ce
qu’il convenoit de faire en un cas pareil.
Tous furent d’avis qu’à moins de la plus urgente
nécessité, on ne devoit commettre
aucune hostilité, jusqu’à ce que la volonté
de l’empereur y autorisât. En conséquence
de l ’opinion de mes officiers qui étoit aussi
la mienne, nous nous éloignâmes du fort;
eusuite j ’en vo y a i, sous le commandement
de M. Ricord, des canots armés vers un v illage
de pêcheurs, situé le long du rivage du
port, et je donnai ordre d'y prendre la quantité
de bois, d’eau et dè riz dont nous avions
besoin, et d’y laisser le paiement soit en
piastres, soit en marchandises. Je restai avec
la corvette sous voile assez près du rivage,
fermement résolu, dans le cas où les Japonois
s’opposeroient au débarquement de mes
gens, d’employer la force pour en venir à
bout. Mais on ne rencontra dans le village
ni soldats ni habitans. M. Ricord n’y trouva
que de l’eau bourbeuse; il y prit du bois,
du r iz , du poisson sec, ètlaissa en. paiement
des marchandises d’Europe , dont la valeur,
d’après l ’assurance d’Alexis , excédoit de
beaucoup celle de ce que nous emportions.
L ’après - midi , j’allai à terre par curiosité
pour voir le village japonois, et je reconnus ,
à ma grande satisfaction, que les objets laissés
par M. Ricord avoient été enlevés. Je devois
donc penser que'les Japonois étoient venus
après le départ de cet officier, et que Ton
pouvoit bien savoir au fort que nous n’étions
pas arrivés en ce lieu pour piller..11 y avoit,
de ce côté du port, deux villages de pêcheurs,
avec tous les établissemens néces--
saires pour prendre le poisson, le saler, le
sécher, et aussi pour en extraire de l ’huile.
Les filets des Japonois sont d’une grandeur
extraordinaire; les bateaux de pêche, les
presses, les cuves, les barriques pour l’huile,
tout étoit dans un ordre admirable.
Le 8 ju ille t , nous aperçûmes un petit baril
flotter devant la ville ; je fis aussitôt lever
l’ancre pour aller le ramasser. Nous y trou-:
vâmes une-petite boîte, enveloppée de plusieurs
morceaux de toile cirée, et renfermant
trois papiers : Tun étoit une lettre en
japonois; comme personne ne pouvoit la
lire , son contenu devoit nous être très-r