pas possible de pratiquer une fenêtre dans la
paroi postérieure du hangar ; le ciel et la cime -
de quelques arbres étant tout ce que nous
pouvions apercevoir à travers nos barreaux.
I l ne rejeta pas notre prière, examina la
cloison, nous questionna sur l’endroitle plus
convenable pour placer cette fenêtre, approuva
notre choix et sortit.. Nous nous figurions
déjà que nos vceux«alloient être remplis ; mais
bien loin de là , quelques jours après, ayant
réitéré notre demande, l'officier répondit que
les Japonois, remplis de sollicitude pour
notre santé, craignoient que le vent froid du
nord ne nous enrhumât. Il n’y eut ainsi plus
moyen de penser à la fenêtre.
Depuis le 6 octobre jusqu’à la fin de ce
mois, on nous mena constamment chez le
bounio, à un jour ou deux d’intervalle; nous
y restions généralement la journée entière ,
de sorte que les domestiques y portoÎent notre
nourriture. Dans la nuit du i 4 au 15, il tomba
de là neige pour la première fois ; lûais, au
bout de quelques jours, elle fondit; vers le
milieu de novembre, il neigea plus abondamment,
et l’hiver commença. Dès que les premiers
froids se furent fait sentir en octobre,
le bounio ne nous reçut plus dans la salle ou-
( a 5 9 )
Verte, mais dans la salle de justice, ressemblant
beaucoup à celle de Chakodade, e t où il
ne manquoit pas non plus d’insfruinens de
torture. Les questions que le bounio nous
adressa dans cet intervalle, sont innombrables.
S’il y en avoit une qui eût rapport à notre af-r
faire , elje étoit suivie d’une centaine d’autres
insignifiantes, souvent ridicules; alors nous
nous emportions, et quelquefois nous répondions
très-vertement. Parfois nous disions
nettement qu’il vaudroit bien mieux pour
nous que les Japonois nous fissent périr, que
de nous tourmenter de cette manière. Qu’est-
ce qui auroit pu, par exemple, ne pas perdre
patience, à la demande que je vais rapporter!
Quand on nous arrêta, j ’avois sur moi une
dpuzaine.de clefs, soit de mes armoires, soit
des instrumens nautiques. Le bounio voulut
savoir ce qu’il y avoit dans chaque tiroir et
sous chaque clef. Je lui montrai ma chemise,
et lui dis qu’il y avoit de cea choseS-là dans
ma malle ; aussitôt il me demanda combien il
s’y en .trou voit: je répondis de mauvaise humeur
que je n’en sa vois r ien , que c’étoit l ’affaire
de mon domestique ; il s’informa sur-le-
champ du nombre de mes domestiques, de
leurs noms, de leur âge ; la patience m’échappa
i ? *