secours, ni un asyle aux navigateurs dans le
besoin. Le manque de v iv re s , continuai-je,
a pu seul nous contraindre à débarquer dans
votre pays. Un officier japonois, que nous
rencontrâmesapar hasard, me remit une lettre
et me donna l’assurance amicale que ses compatriotes,
que je verrais à Ourbitsch, pourvoiraient
à nos besoins. Les vents contraires
nous ont forcés à faire route pour Kounaschir,
où nous n’avons négligé aucun moyen d’instruire
les Japonois de nos dispositions pacifiques
et de nos besoins. Vous savez le reste.
Les Japonois nous prièrent alors de leur
raconter par ordre tout ce qui s’étoit passé
depuis notre première rencontre avec leurs
compatriotes sur l ’île d’Itouroup, jusqu’au
moment où n ou s . avions été arrêtés à Kounaschir.
Dans cette circonstance, ils usèrent
de dissimulation, et eurent l’air de n’avoir
jamais entendu parler de cette affaire;, ils s’étonnèrent
surtout de ce que le commandant de
Kounaschir ne leur avoit pas envoyé les objets
que nous avions laissés à terre et dans le petit
baril. Ils nous demandèrent où nous allions
quand nous éprouvâmes le manque de vivres,
et exigèrent que nous le leur fissions voir
sur la carte. Nous satisfîmes a leurs désirs.,
en leur expliquant le but de notre voyage,
conformément à nos premières réponses.
Us nous adressèrent encore, ce jou r -là ,
plusieurs questions étrangères à notre affaire;
par exemple, sur les usages du Danemark,
de l’Angleterre et des autres pays que
nous avions vus ; sur le lieu dé notre patrie
où l ’on construisoit les bâtimens ; sur le bois
que l’on y employoit; sùr le temps quë cette
opération exigeoit, etc. Sous l ’apparence de la
curiosité, ils nous demandèrent encore à combien
se montoientnos forces de terre et de mer
dans ces contrées voisines. L ’état des choses
exigeoit que nous les fissions bien eonsidé-
.rables ; en conséquence, nous augmentâmes
aussi le nombre des forteresses en Sibérie et
leurs garnisons, et nous répartîmes, à notre
gré, dans les ports de la côte d’Ochotsk, du
Kamtschatka et de la côte d’Amérique, des
flottes assez puissantes. Le pur hasard nous
fit dire qu’il se trouvoit aussi quelques vaisseaux
de l’état dans le port de Saint-Pierre et
fiaint-Paul ; aussitôt les Japonois s’informèrent
du nombre exact; à toute aventure, nous
répondîmes sept ; ce fut pour notre malheur,
comme on le verra plus bas.
Ce jour-là, notre entretien avec les officiers