pirer la haine et le mépris pour leur avidité
sans bornes Les Japonois cessèrent de nous
ennuyer de ce qui concernoit ^es langues
éttangeres, mais nous prièrent de leur expliquer
bien clairement le sens de chaque e x pression,
afin qu’ils pussent remplir de mots
japonois ayant la même signification, les colonnes
restees vides. Nous consentîmes à cette
demande. La lettre terminée, ce qui exigea
un travail de plusieurs jours, et occasionna
aux Japonois beaucoup de peine, et à nous
de la mauvaise humeur et du tracas, il fallut
encore traduire de la même manière le papier
de Chvostoff.
Sur ces entrefaites, nous apprîmes que le magistrat
qui devoit aller à la capitale pour notre
affaire, se préparoit à partir , et que lebounio
vouloit envoyer à l ’empereur quelques-uns
de nos livres et de nos effets; que, néanmoins
comme le bounio permettoit que, pour nous
desennuyer, nous pussions faire usage de nos
livre s, nous eussions à choisir ceux que
nous desirious conserver. Effectivement,
les interprètes nous apportèrent bientôt la
caisse contenant les livres. Nous en mîmes
quelques-uns de côté, dans l’espérance que
les Japonois nous les laisseroient ; mais com-
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bien nous fûmes désagréablement déçus ! Ils
se contentèrent de séparer ces ouvrages des
autres, et d’y mettre des marques; nous ne
pûmes deviner pour quelle fin. D’ailleurs, on
remporta la caisse, et on ne nous laissa pas un
seul volume.
Tandis que nous choisissions les liv re s , il
arriva un incident qui nous mit dans un assez
grand embarras. Koumaddjero, en feuilletant
un volume, trouva un morceau de papier
rouge, sur lequel étoient imprimés quelques
mots japonois. C’étoit une étiquette comme
celles que l’on a coutume au Japon d’attacher
aux marchandises. Je me souvins que,
lorsque j ’étois au Kamtschatka, un de nos officiers
me l ’avoit apportée pour me la faire
voir. Koumaddjero lut l’étiquette, puis me
demanda d’où elle venoit, et comment elle
se trouvoit dans un de mes livre s: ce Elle
« vient peut-être de la Chine, répliquai-je ,
« je l ’ai eue par hasard au Kamtschatka, et
<c je m’en suis servi comme d’un signet, en.
« lisant ce livre. »— « O u i, ou i, reprit-il,.
« c’est du chinois, et aussitôt il la cacha. »
J’appréhendois que cette aventure ne donnât
lieu à de nouveaux interrogatoires, et qüe les
Japonois ne nous regardassent comme ayant