sur une nation européenne qu’ils nommoient
Orando, et sur un pays qui s’appelle Çabo.
Nous leur répandions que l’on ne eonnoissoit
pas du tout ces noms en Europe, ce qui leur
causoit beaucoup de surprise, et leur faisoit
manifester du mécontentement de Uotre réponse.
Plus tard, nous apprîmes que les Japonois
nomment les Hollandois Orando, et
le cap de Bonne-Espérance, Cabo. Il est probable
que si nous ne les comprîmes pas, ce
fu t la faute du kourilè Alexis qui étoit un
mauvais interprète; mais nous regrettâmes
beaucoup d’avoir fourni aux Japonois l’occasion
de soupçonner que nous voulions leur
cacher quelque chose, de ce que nous savions.
Nous avions déjà conçu une meilleure opinion
d e u x , et. nous pensions que la conduite
inhumaine de nos compatriotes les avoit
seule irrités contre nous dans le commencement,
et nous avoit ainsi attiré leurs mauvais
traitemens. Néanmoins,. sans obtenir de
Jious des éclaircissemens satisfaisans à cet
égard, ils commencèrent à nous traiter comme
si nous leur en eussions donné. Nous nous
disions donc que si nous pouvions les convaincre
que la conduite du commandant des
batimens russes dont ils se plaignoient avoit
été purement arbitraire, ils nous mettroient
en liberté. Nous crûmes que la chose seroit
facile à effectuer de cette manière, et nous
nous flattâmes de nouveau de l’espérance de
pouvoir retourner dans notre patrie; mais un
nouveau malheur nous attendôit.
Alexis * avec qui nous parlions beaucoup,
soit dans la route, soit dans nos pauses de
nuit, nous raconta qu’environ dix ans auparavant,
le prêtre du. Kamtschatka avoit embarqué
sur un baidar quelques Kouriles de
l ’île Rasclioua, au nombre desquels il étoit
liii-mêine avec son père, et qu’il les avoit
chargés d’aller convertir au christianisme les
Kouriles velus de l ’île d’Itouroup soumis à ia
domination japonoise,ou, suivant l’expression
d’Alexis, «d’enseigne r notre foi à ces peu pies.»
L u i ayant demandé en quoi consistait là
doctrine du pope poùr les convertir, il continua
ainsi : ci Le pope no Us donna des paquets
de figures de saints en cuivre, et des
prières écrites (1), avec des images, nous
commanda de les montrer aux Kouriles velus,
et.de leur enseigner que c’était le dieu des
Russes, et que s’ils le portaient au cou, ils
vivroient long-temps et heureusement, se-
( i ) C ’ étoient probablement des livres de prières.