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peu près dans chaque maison, et nous y vaines
toutes sortés de marchandises. En sor-
tant de la rue, nous tournâmes à gauche, et
nous gravîmes une montagne sur laquelle se
trouvoit un château entouré d’une palissade
et d’un mur en terre. Nous entrâmes par une
porte dans une cour spacieuse ; en face de la
porte on voyoit un canon en cuivre sur un
affût à deux roues très-mal fait. Un petit pas-
sage nous conduisit de cette cour dans une
autre, où se trouvoient quelques soldats
royaux. Ils étoient assis sur des nattes, et armés
de fusils et de flèches. On nous mena
dans un coin entre deux bâtimens, et l ’on
nous fit asseoir, les trois officiers que nous
étions, sur un banc couvert de nattes; les
matelots et Alexis prirent place à terre sur#
des nattes. Pendant que nous attendions, on
nous apporta de très-bon tabac, du thé vert
excellent, et du sucre en poudre, nousdisant
que c’étoit le commandant de la ville qui
nous en régaloit. Ceux d’entre nous qui ai-
moient à fumer furent très-contens de cette
attention; car, depuis notre arrivée à Chako-
dade, on ne nous avoit donné ni pipes ni
tabac. Dans la suite, les gardes qui nous sur-
veilloient dans l’intérieur, et qui se tenoient
toujours près de la loge de IVL Moor, le firent
fumer dans leurs pipes a travers les barreaux;
mais ils n’osoient pas faire de même pour les
autres prisonniers.
En attendant ce qui al loi t arriver, nous
eûmes tout le loisir de nous parler. M. Clileb-
nikoff nié décrivit son logement dans les
mêmes termes que Makaroff.'M. Moor avoit,
d’après son récit, une chambre semblable a la
mienne, avec deux fenêtres., d’ou la vue se
portoit sur différens objets. Nous restâmes
plus d’une heure à attendre. Enfin du bâtiment
voisin l’on m’appela par mon nom ,
capitaine Covorin; c’est ainsi que les Japo-
nois le prononçoient. Deux soldats qui se
tenoient à mes côtés, me firent passer par une
grande porte q u ffu t aussitôt fermée, et j ’entrai
dans une vaste salle où deux autres soldats
me reçurent; elle ressembloit, dans une
moitié, à une grange, car il n’y avoit pas de
plafond, et elle étoit pavéèen petites pierres.
L’autre moitié étoit élevée de trois pieds au-
dessus de te rre , et avoit un plancher couvert
de nattes tres-artistement travaillées. L ’ensemble
de la salle avoit quarante à cinquante
pieds de long et autant de large, dix-huit pieds
dehaut, et étoit séparé des autres pièces par des