que les Japonois aiment beaucoup. Nous ne
tardâmes pas à nous apercevoir q u e , par
ces douceurs et ces présens, on vouloit nous
rendre plus disposés, et en quelque sorte nous
contraindre à enseigner au géomètre à faire
des relèvemens de côtes et des observations
astronomiques. Il n’omit pas, de son côté, de
nous montrer tout de suite ses instrumens,
qui étoient un sextant anglois en cuivre; un
astrolabe avec une boussole, un étui- de mathématique
avec un niveau pour former
l ’horizon artificiel,et il nous pria de lui indiquer
l ’usage que les Européens faisoient de
toutes ces choses, Il venoit nous voir tous
les jou rs , restoit avec nous du matin au so ir,
nous racontoit ses voyages , etnousmontroit
les dessins et les plans des pays où il étoit
a llé ; ils étoient son ouvrage, et nous les
examinions avec beaucoup de curiosité.
Chez les Japonois, ce géomètre passoit pour
avoir beaucoup voyagé. Ils l ’écoutoient toujours
avec une attention extrême , et s’éton-
noient qu’il eût pu entreprendre des courses
si longues. Il avoit parcouru les Kouriles
jusqu’à la dix-septième , et Saghalien, visité
même le pays des Mantchous, et pénétré
jusqu’au fleuve Amour: aussi étoit-il d’une*
jactance prodigieuse ; il pari oit presque toujours
de ce qu’il avoit fait, des fatigues qu’il
avoit endurées; et, tout en racontant ses
p ro u e s s e s , i l m o n t ro it sa casserole de v o y a g e
dans laquelle il avoit préparé ses alimens.
Tousles jours il faisoit cuire ou rôtir quelque
mets à notre foyer, et nous en régaloit.
L ’appareil qui.lui servoit à distiller son eau-
de-vie de riz ne sortoit presque pas d’auprès
du feu. Il en buvoit et nous en faisoit
b o ire , ce qui étoit fort du gout de nos matelots.
Il savoit, avec le sex tan t, prendre la
hauteur du soleil à l’horizon naturel et artificie
l, et trouver la latitude d’un lieu par
la hauteur du soleil à midi. Il se servoit pour
cela de-tables de déclinaison et d’autres rectifications
qui, nous d it - il, avoient été empruntées
d’u n i ivre hollandois et traduites en
japonois. N’ayant pas nos tables avec n ou s ,
il nous fut impossible de juger pertinemment
de l’exactitude des siennes.
Mamia-Rinso nous communiqua plusieurs
renseignemens importans , bien faits pour
intéresser notre gouvernement, et qui sont
authentiques, car ils confirmoient ce que
nous avions entendu précédemment de la
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