la substance; ainsi qu’il suit: ((Les Japo-
nois avoient d’abord cru que nous voulions
piller et brûler leurs villages, et fondaient
cette opinion sur la conduite de ChvostofF,
ainsi que sur d’autres particularités qu’ils con-
noissoient ; c’est pourquoi ils nous avoient
attiré dans leur forteresse et nous avoient
retenus par force, afin deconnoitre les motifs
qui avoient excité les Russes a commettre
ces hostilités, puisque les Japonois ne leur
avoient fait aucun mal. Cependant nous leur
avions exposé l’affaire sous un jour tout différent;
le gouverneur ajoutoit foi à nos discours,
et nous regardoit comme innocens ; il avoit
donc résolu de nous faire à l’instant oter nos
liens, et d’améliorer notre sort autant q u il
dépendoit de lui. S’il étoit en son pouvoir
de nous rendre à la liberté et de nous renvoyer
en Russie, il le feroit sans délai; mais il
devait nous dire que le bounio de Matzmaï
n’étoit pas le chef de l ’état. «Il existe, conte
tinuoit-il, un empereur et un gouverne-
<c ment suprême, dont je dois attendre les
<c ordres dans les affaires importantes ; leur
oc consentement est nécessaire pour que je
<t puisse vous mettre en liberté. Soyez bien
« persuadés que je ferai tout mon possible
K pour prévenir le gouvernement en votre
« faveur et obtenir votre retour dans votre
« patrie. C’est pour parvenir à ce but désiré
<t que je vais envoyer un des premiers nia—
(( gistrats de Matsmâï a ïedo, capitale de 1 em-
« pire. En attendant, ne vous abandonnez
<c pas au désespoir, adressez vos prières à
c( Dieu (1), et attendez patiemment la décision
(( de votre affaire. y> Alexis ayant fini de
parler, et les Japonois s’etant assures que
nous l’avions bien compris, ils nous firent
aussitôt ôter nos liens, et nous félicitèrent
très-cordialement, à ce qu’ib nous sembla.
Soutzyki-Tzin-Noué, le magistrat immédiatement
au-dessous du gouverneur, etKoumad-
djero, furent si attendris de cette scène, que
les larmes leur vinrent aux yeux. Nous remerciâmes
le gouverneur et les magistrats de
leurs intentions amicales pour nous, et de la
(1) Presque toutes les fois que lé gouverneur nous
adressoit des paroles de consolation, il nous parloit de
Dieu, ce qui nous étoit extrêmement agréable. Noos
nous réjouissions. de ce que le peuple , dans les mains
duquel le sort nous avoit fait tomber, eût au moins des
notions d’un être suprême et crût à un Dieu maître de
toutes les nations, à qui nous devons, plus tôt ou plus
tard, rendre compte de notre conduite.