sur ces parages des connoissances aussi étendues
que celles du département de l ’amirauté.
J’étois bien fâché de n’avoir pas reçu ces papiers
avec l’ordre du ministre, et je sentois
tous les inconvéniens que leur absence devoit
produire; mais, d’un autre côté, je voyois
une grande perte de temps, du préjudice pour
la couronne, et l ’impossibilité de faire quelque
chose qui répondît aux peines et aux frais
de l ’expédition, si j ’allois d’abord à Ochotsk;
car, dans ce cas, je ne profitois pas de l ’été, et
par conséquent c’étoit une année de perdue.
En effet, le temps que devoit me prendre
d’abord l ’embarquement des viv re s , de l’eau,
du bois, etc., ensuite la traversée d’Ochotsk
aux îles Kouriles, me faisoit penser que, malgré
toute la célérité possible et le vent le
plus favorable, je ne pouvois arriver dans
cet archipel avant les premiers-jours de ju illet;
c’étoit commencer mes opérations bien
tard; les mois de mai et de juin se seroient
écoulés sans profit.
Je considérai ensuite que l’état de la corvette,
et en quelque sorte celui de mon équipage
, exigeoit que j ’hivernasse dans un port
où je serois à même de visiter mon bâtiment,
de le nettoyer et de le caréner; car, depuis
mon départ de Cronstadt en 1807 , je n’avois
pas eu l’occasion de le décharger, ni d examiner
les avaries de la cale et des fonds. Les
magasins d’Avatcha sont si mal construits,
qu’ils suffisent à peine pour contenir les v ivres
de la garnison, et il n’y a pas de bâtiment
propre à renfermer d’autres approvi-
sionnemens. Il avoit donc fallu que les vivres
et les effets de toute espèce restassent à bord
de la corvette. Elle étoit infestée de rats qui
endommageoient les provisions, les voiles de
rechange, les étoffes de laine, les futailles et
tout ce qu’ils rencontroient. Mes gens avoient
en outre presque entièrement usé leurs vête-
mens ; il falloit absolument leur en donner
de neufs, ce qui étoit impossible sans aller à
Ochotsk. Ces motifs m’obligeoient donc à
hiverner dans ce port, où je devois arriver
à la fin de septembre, ou du moins au commencement
d’octobre, et par conséquent il
ne nous restoit pour notre campagne que
trois mois, qui, à l’exception de juillet, étoient
les moins favorables.
Tous les navigateurs qui ont parcouru ces
mers, se plaignent du temps sombre et des
brumes extraordinaires qui les ont empêchés
d’avoir connoissance des côtes et de s’en ap->