« interprètes. » Cette annonce nous causa un
v i f chagrin ; et. comme nous nous figurâmes
qu’elle cachoit une perfidie, nous répliquâmes
assez rudement et de mauvaise humeur:
« Nous ÿoyons bien, dîmes-nous, que les
« Japonois nous trompent, qu’ils veulent
« non pas nous mettre eh liberté, mais faire
*c de nous leurs instituteurs; ils sont dans
« une erreur bien grande: nous sommes dis-
« posés à mourir plutôt qu’à instruire les 3a-
« ponois; qu’ils nous donnent d’abord des
« preuves convaincantes que nous retour-
« nerons en Russie, ils recevront de nous,
cc jour et nuit, jusqu’à notre départ, des le -
« çons de tout ce que nous savons; mais juste
qu’alors leur perfidie s’oppose à ce que
« nous fassions rien pouf les satisfaire. »
Koumaddjero sourit, et nous protesta qu’il
n ’y avoit pas de mauvaise foi de la part des
Japonois, ajoutant que nous ne parlions ainsi
que par ignorance de leurs lois. Après
avoir délibéré, M. Moor, M. Chlebnikoff et
moi, sur ce qu’il convenoit de faire, nous
résolûmes d’enseigner quelque chose au
nouvel interprète jusqu’au printemps, à cette
époque, nous verrions bien si les Japonois
songeoient sérieusement à nous mettre en
liberté.
Cependant Alexis fut encore mené au
bounio. Lorsqu’il rev in t, nous l’interrogeâmes
sur les questions qu’on lui avoit adressées :
« Toujours les mêmes qu'auparavant, réponse
dit-il très sèchement. » Nous craignîmes
qu’on ne l ’eût dérouté et qu’il ne nous eût
accusés de l ’avoir engagé à faire sa dernière
déclaration.
Dès que nous eûmes consenti à donner des
leçons à Teské, il vint avec une caisse pleine
de papiers ; les uns étoient des vocabulaires
composés en Russie par des Japonois ; les
autres contenoient sur cet empire des notices
que ces Japonois avoient été obligés de rér-
diger pour leur gouvernement, d’après ce
qu’ils avoient vu. Togo le médecin et Koumaddjero
venoient ordinairement avec Teské.
Koumaddjero nous dit que le gouverneur dé-
sifbit qu’aux leçons de langue russe que nous
donnerions à Teské, nous joignissions des
notions statistiques sur la Russie e£ sur d’autres
états de l’Europe, ce dont ses compatriotes
nous auroient la plus grande reconnoissance*
Pensant que, dans la position actuelle des
choses, il pourroit résulter non seulement
pour nous; mais aussi pour la Russie, quelque
avantage de communiquer aux Japonois