qui avoit été de l ’expédition de Chvostoff.
Malgré l'évidence de ces faits, je résolus de
n’avoir rien à démêler avec les Japonois, sans
ordre supérieur ; j’étois décidé , lorsque je me
trouyerois près des îles qu’ils occupent, de
n’arborer /de pavillon d’aucune espèce, afin
de n’éveiller ni crainte ni inquiétude chez
une nation si ombrageuse; mais il plut à la
Providence d’en ordonner tout différemment,
et probablement pour le mieux.
Tels étoient, autant dit moins que je les
connoissois , les rapports entre la Russie et le
Japon, lorsque je m’approchai des îles soumises
à la domination de ce dernier empire.
Le. 17 ju in , après-midi, nous nous trouvions
tout près de la cote ouest de la pointe
la plus septentrionale d’Itouroup, sans savoir
alors qu’elle faisoit partie de cette île; nous
regardions au contraire cette extrémité comme
une île à part, car la baie de Sana qui s’enfonce
profondément dans les terres, ressemble
à un canal. Elle est, par cette raison, restée indéterminée
sur la carte du capitaineBrough ton,
qui ne sa voit pas si c’étoit une baie ou un détroit.
Pour faire disparoîire tous les doutes
sur ce point, nous nous approchâmes de terre
à la distançe d’une lieue. Nou3 découvrîmes
sur la côte quelques maisonnettes, des gens
qui couroient Je long du rivage, et deux
grands baïdars ou canots. Persuadés que l’île
étoit habitée par des Kouriles, je fis embarquer
le midshipman Moor avec l ’àide-stur-
mann Navisky, accompagnés de quatre matelots
dans un canot armé, pour aller recueillir
des renseignemens sur tout ce qui
concernoit l ’île. Bientôt j ’aperçus un baïdar
qui partit du rivage pour venir au-devant de
mon canot. Comme je ne pou vois pas con-
noître la réception que les habitaris feroient à
mes gens, j ’approchai davantage la corvette
de terre, et je m’embarquai, avec le midshipman
Iakouschin et quatre matelots, dans un
autre canot armé, afin de soutenir le premier.
Sur ces entrefaites, le baïdar étoit arrivé
près de celui-ci, avait viré de bord, et
tous deux se dirigeoient vers l’île. Je me
tardai pas non plus à y aborder. En y débarquant,
je trouvai, à ma grande surprise, le
midshipman Moor qui avoit un entretien avec
des Japonois. H m’apprit qu’il s’y trou voit
quelques Kouriles de Rasbhaoua (la treizième
île), qui est aux Russes. L ’été précédent, une
tempête les avoit jetés sur la côte d’Itouroup.
Les Japonois, après les avoir retenus environ