leur causèrent, entre autres , beaucoup d’inquiétude.
Dans la première de ces îles, nous
avions donné une de ces plaques au commandant
lui-même ; sur la seconde, nous l’avions
déposée dans le village où nous n’avions
trouvé personne. Cette plaque portoit l’inscription
suivante, en latin et en russe :
N a VIS. IMPERIAL!s. RusSICA. DlANA.
An. Dom. 1811.
3\ous en avions laissé de semblables dans
toutes les îles que nous avions visitées, soit
qu’elles fussent habitées ou ne le fussent pas;
nous les attachions aux arbres, afin que, dans
le cas ou nous ferions naufrage, on put savoir
ou nous avions été, et à peu près dans quel lieu
le malheur nous étoit arrivé; mais les Japonois
n’en voulurentrien croire. D’abord, ils demandèrent
ce que signifioient les inscriptions,
et exigèrent l ’explication de chaque mot en
particulier; ils transposèrent aussi les mots,
espérant ainsi nous dérouter. Enfin, ils nous
dirent qu?ils avoient appris des Hollandois,à
Nangasaki , que les Européens avoient coutume
de laisser de ces plaques dans les îles
qu’ils vouloient soumettre à leur domination,
et nous demandèrent si nous n’avions pas eu
ce dessein. Notre réponse fut que, dans ce
cas , les Européens enterroient des inscriptions
toutes différentes ; mais elle ne put tranquilliser
les Japonois: nous vîmes clairement
qu’ils ne nous croy oient pas, et qu’ils dou-
toient beaucoup que nous eussions traduit
exactement les inscriptions.
Ils nous tracassèrent toute la journéee au
sujet de l’écrit de Chvostoffet de nos plaques,
et,, suivant leur habitude , nous adressèrent
aussi d’autres questions, la plupart ridicules;
par exemple : combien y a-t-il de bâtimens
de guerre, de.navires marchands et de ports
de mer, en Russie et dans toute l’Europe? Les
autres me sont échappées de la mémoire.
Nous ne sortîmes du château que très-tard.
Dans les intervalles où l’on nous conduisoit
de la salle du tribunal dans la cour pour
nous faire reposer et manger, nous pouvions
nous parler et nous communiquer nos réflexions.
Notre position nous paroissoit bien
critique, et nous regardions comme impossible
de convaincre les Japonois de l’invalidité
de l’écrit de ChvostofF. Ils devoient, à la
manière dont nous nous y étions pris en ve nant
chez e u x , ne nous regarder que comme
des espions ; nous ne pouvions donc nous at-?