de Nangasaki, où , comme'vous le savez,
les Hollandoissomtadmis, est, nous dit Teské,
bien au fait de leur religion ; par conséquent,
si Je gouverneur de Matsmaï retournoit à
Iédo, et n’étoit pas en état de parler de celle
des Russes, ce seroit pour lui une honte. »
Ce discours nous inspira naturellement le
plus v i f désir de satisfaire à la demande de
Teské; nous lui expliquâmes donc les règles
de la morale chrétienne, telles que les dix
commandemens de Dieu, et quelques passages
de l’Evangile;mais ce n’étoit pas ce que dési-
roient les Japonois. Teské observa que ces
préceptes appartenoient non seulement aux
chrétiens, mais aussi à tous les hommes qui
avoient un bon coeur (1), et que les Japonois
les connoissoient depuis long-temps. Leur
curiosité les portait, en cette occasion, à se
mettre au fait des cérémonies de notre service
divin; car ceux de leurs compatriotes qui
avoient long-temps vécu en Russie, avoient
fréquenté nos églises, et mis par écrit leurs
remarques sur notre liturgie.. On vouloit
donc savoir ce que signifioient plusieurs
(x) Coeur blanc, suivant l’expression japonoise.' Ils
appellent un homme d’un mauvais caractère un homme
au coeur noir.
usages pratiqués durant la célébration de
l ’office; pourquoi, par exemple, le prêtre ou*
vroit et fermoit plusieurs fois une porte,
pourquoi, en sortant, il emportait des vases,
ce que ceux-ci contenoient, etc. Nos moyens
de communiquer nos pensées aux Japonois
étoient si bornés, qu’il y avoit une impossibilité
réelle de notre part d’entrer dans les exp lications
qu’ils nous demandoient. Nous leur
dîmes donc q u e , pour leur bien développer
les mystères de notre f o i i l falloit nécessairement
ou que nous eussions acquis la facilité
de parler le japonois, ou qu’ils fussent
en état de parler couramment le russe; o r ,
comme nous n’en étions pas encore là ni les
uns ni les autres, nous ne pouvions ni n’osions
traiter un sujet si grave et si important; que,
n’ayant encore qu’une connoissance imparfaite
de la langue, nous pourrions ne leur
donner que des notions inexactes, et peut-
être exposer par-là les choses saintes à leur
risée. Mais les Japonois ne se laissent pas si
aisément détourner de ce qu’ils se sont proposés
; ils réitérèrent très-fréquemment leurs
questions sur le service divin, et insistèrent
pour en savoir au moins quelque chose, ju s qu’à
ce qu’enfin nous leur déclarâmes d’un