objets qu’ils nous avoient pris , et à chacun
feous en demandèrent le nom, l’usage; la maniéré
de le faire, son p r ix , etc. Ils écrivirent
toutes nos réponses, et attachèrent une étiquette
a chaque objet. Un jour l’on apporta
devant le bôunio. un coffre rempli de livres
anglois et françois; nous ignorions que la cor-»
velte nous l’eût eu voyé. Les Japonois tirèrent
les livres du coffre * nous les firent voir, et
nous interrogèrent su r leur contenu. A chacun
ils écrivirent notre réponse sur un morceau
de papier qu’ils y attachèrent. Il ne nous fut
pas difficile de leur donner sur quelqueslivres
les explications qu'ils désiroient, mais pour
d’autres il nous fallut beaucoup de peines et
d’efforts. Il y avoit dans ce nombre la P h y sique
de Libes en françois, en trois volumes.
Cet ouvrage contient un grand nombre de figures
qui représentent des instrumens et des
machines; quel aliment pour la curiosité des
Japonois! Us regardèrent et admirèrent tout,
se réjouirent extrêmement de ce qu’un tel
livre leur étoit tombé dans les mains, voulue
rent savoir de' quoi il traitoit, et exigèrent
l ’explication de toutes les figures qui les frap*
poient le plus. ' Nous leur représentâmes
qu’avec un interprète tel qu’A le x is , il étoit
entièrement impossible de leur donner une
idée du contenudecetouvrage; vaine remontrance1:
ils, nous prièrent instamment de leur
apprendre ,' au moins par aperçu,ce que c’étoit
que ce livre. Nous dîmes à Alexis qu’il en-
seignoit la manière de lever facilement de
gros fardeaux, et nous montrâmes en même
temps une grue et des leviers.Il nous comprit
à l’instant, et traduisit notre réponse aux Japonois
qu’elle ne satisfit pas; des choses si
communes, dirent-ils, leur étoient connues
depuis long-temps. Us indiquèrent une figure
q ui servoit à expli q uer la réfractiondes rayons,
et nous demandèrent ce qu’elle signifioit et si
elle n’aidoit pas à trouver la distance d u soleil à
la terre ? Je pensai que je vièndrois facilement â
bou t d’expliquer la chose au kourile Alexis, et
je lu i demandai s’il n’avoit pas rémarqué qu’un
aviron, quand une de ses extrémités est dans
l ’eau, a l’air d’être rompu: cc O ui, reprit-il, je l’ai
vu, mais je ne sais pas d’où cela vient. » Quand
j’en vins à la réfraction des rayons, Alexis
me demanda ce que c’étoit qu’un rayon; Dès
que je lui eus dis la signification de ce mot, il
éclata dé rire, en s’écriant: « Oh! diable, quel
homme peut-donc briser les rayons? »¿Nous