I m y
roieirt exempts de maladies, et auroienl tout
en abondance; nous devions leur demander
pour chaque image de saint et pour chaque
livre de prières, une peau de renard et même
quelque chose de plus-. >>.A leur arrivée à.
Itouroup, Alexis et ses compagnons furent
arrêtes par les Japonois, qui leur prirent les
images et les livres, et, leur demandèrent ce
que c’étoit que ces choses, et pourquoi ils les
avoient apportées; les Kouriles leur répondirent
naïvement que c’étoit le dieu des Rus-:
ses, et que les Russes les avoient envoyés
pour enseigner leur religion aux habitaris
d’Itouroup. Les Japonois les mirent sous
bonne garde; mais dans la nuit ils eurent le
bonheur de s’enfuir, et d’arriver sur la côte
où ils trouvèrent un bateau dans lequel ils
s’embarquèrent. On les poursuivit, mais le
brouillard facilita leur'évasion, et ils arrivèrent
sains et saufs dans leur île.
Ce récit produisit sur nous une impression
terrible. O Dieu! me disois-je, notre malheur
est sans doute le châtiment de cette
imprudence. Nous connaissions les dispositions
amicales et équitables de notre souverain
envers le Japon, comme état voisin;
nous savions bien que nous étions innocens,
et néanmoins nous ne pouvions no us justifier
( )
aux yeux des Japonois; ils avoient des preuves
contre nous. En supposant qu’ils eussent
voulu croire à notre assertion que ChvostofF
avoit agi de son ch e f, et non d’après les
ordres de son gouvernement; comment eussions
nous pu leur persuader qu’un pope
ignorant et personnage très-insignifiant eût
pris sur lu i, à la honte de la religion chrétienne,
et par un motif vil et intéressé , d’envoyer
des images dè saints ét des livrés 4e
prières, en guise de marchandises, dans un
pays élranger?Comment les Japonois auroienl-
ils pu se laisser convaincre que cette démarche
auroit eu lieu; sans l ’ordre du gouvernement?
Je m’informai d’Alexis, s’il avoit alors
dit aux Japonois que le pope avoit exigé des
peaux de renard et d’autres marchandises
pour ses images et ses livres? cc Non , me répondit
il, nous craignîmes de révéler ce fait.».
Circonstance vraiment fâcheuse ; les Kouriles
avoient précisément caché ce qui eût pu serv
ir à notre justification.
De quelque côté que nous vinssions à considérer
notre position, notre délivrance nous
sembloit absolument impossible. La fuite me
parut l ’unique moyen de salut. Je communiquai
mes projets sur ce point, d’abord aux