favorable pour l’ajuster à l’extrémité d’une
longue perche, pour nous en servir comme
d’une lance. Nous destinâmes au même usage
une bêche qui se trouva par hasard dans
notre cour, et que nous mîmes de côté à
l ’instant de notre entrée dans la maison. Ce
ne fut pas tout ; le proverbe qui dit que la
nécessité est la mère de l’industrie est bien
vrai ! M. Chîebnikoff fit une boussole. Nous
demandâmes à nos domestiques deux grosses
aiguilles pour raccommoder nos habits, et
nous leur dîmes ensuite que nous les avions
perdues. Les Japonois revêtent souvent de
cuivre les chevrons de leurs maisons : il y
en a vo ità la nôtre, mais depuis long-temps il
étoit gâté par le vert-de-gris. M. Chîebnikoff
en nettoya un morceau, et perça un trou au
milieu pour le poser sur un clou. En frottant
les aiguilles sur une pierre qu’il avoit choisie
exprès , il leur avoit communiqué une force
magnétique suffisante pour indiquer assez
bien le pôle. La boîte consistoiten plusieurs
feuilles de papier collées l ’une sur l ’autre avec
du riz. Cette boussole coûta beaucoup de
peine àfinir,et il fallut en outre user de la plus
grande précaution en y travaillant ; car, si l’on
eût vu M. Chîebnikoff frotter les aiguilles
contre la pierre, l’on n’en auroit pas deviné
le vrai motif; on auroit cru qu’il les aiguisoit,
mais il n’étoit pas possible de faire prendre
le change à M. Moor; au ssi, quand M. Chleb-
nikoff travailloit dans un coin de la cour,
un de nous s ’y promenoit ; et, quand il voyoit
approcher des personnes suspectes, il don-
noit le signal convenu.
Les Japonois nous menoient plus souvent
promener hors de la ville qu’auparavant ; les
interprètes, et même des bourgeois, nous in -
vitoient souvent à entrer chez.eux pour nous
regaler. Mais, comme, d’après les lois du pays,
aucun étranger ne peut être admis dans une
mais o n , nous y entrions, sous prétexte de
nous reposer de nos fatigues ; cependant tout
étoit prêt pour nous recevoir, et nous restions
dans la galerie où des nattes propres
avoient été étendues d’avance. On nous ré-
galoit, suivant l’usage du pays, de th é , de
tabac, de saki, de gâteaux de fruits, etc.
Un jour, en nous promenant le long du
rivage, nous nous approchâmes de deux
bateaux pêcheurs. A quelque distance, un
petit navire, tel que nous le désirions, étoit
à la voile/- Déjà je déliberois avec M. Chlebni-
koff sur 1 exécution de notre plan ; cependant Tom. I. 25