à qui elle est adressée, et à quelle occasion
on la remet. Teské nous traduisit une lettre
qu’il écrivoit à un de ses amis, l ’officier qui
nous avoit fait arrêter à Kounaschir. En voici
à peu près le contenu : « Durant le cours de
« l’année précédente, votre santé a été bonne,
<c et vous avez été heureux; je souhaite que,
« dans cette nouvelle année, vous jouissiez
« d’une aussi bonne santé, et que le bonheur
cc et le succès vous accompagnent en tout;
<c j’ai pour vous la même considération qu’au-
« paravant, et je vous prie de ne pas in’ou-
« blier. Teské.— »
Mais le milieu du mois de février ne vit
pas mieux nos espérances sè réaliser; notre
position même empira. Nos repas ne consis-
toient qu’en riz et en un petit morceau de
poisson salé. Durant les cinq ou six premiers
jours de la fête, aucun employé, pas même l’interprète,
ne vint nous voir. Quand ils reparurent,
nous leur reprochâmes leur manque
de parole. Kouraaddjero nous assura que la
seule raison pour laquelle nous n’avions pas
été transférés dans la maison, étoit qu’à cette
époque, les poissons sont extrêmement abon-
dans le long des côtes, et que tous les habi-
tans du pâys sont du matin au soir occupés à
la pêche. On ne pouvoit donc trouver personne
pour débarrasser de la neige la maison
qui nous étoit destinée; comme elle n’avoit
pas été habitée de tout l’h iv e r , elle se trou-
voit enterrée dans la neige presque' jusqu’au
toit. Cette excuse nous parut assez singulière ;
car il sembloit difficile de croire que, dans
une ville de 5o,ooo âmes, on ne pût rencontrer
personne qui fît cette besogne. Nous
fûmes convaincus que les Japonois nous
avoient trompés simplement pour nous consoler,
afin que nous prissions peu à peu le
parti de nous familiariser davantage avec
notre position-Nous leur dîmes ouvertement
notre façon de penser, mais ils nefirent qu’en
rire, et répondirent que nous étions dans
l ’erreur. Au reste, si le gouverneur ne nous
envoya pas dans le nouveau logement qui
nous étoit promis, il nous donna une marque
d’attention et de complaisance, en nous faisant
remettre quelques-uns de nos livres
pour nous distraire par la lecture, et nos rasoirs
poür nous faire la barbe. Chacun de
nous en avoit déjà une.assez longue; ce q u i,
dans le commencement, nous avoit beaucoup
gênés; mais à la fin nous y étions habitués,
si bien que M. Chlebnikoff et moi nous ne