aussi des demandes semblables aux matelots, et
furent singulièrement surpris de ce que ceux*
ci s’excusèrent sur leur ignorance (i). L ’écriture
russe paroît aussi extraordinaire aux
Japonois que la leur nous paroît singulière*
Ils nous montrèrent un éventail sur lequel
étoient écrits quatre vers d’une de nos chansons
populaires, signés par un Russe, nommé
BarbikofF, qui étoit venu au Japon avec Laxmann.
Vingt ans se sont écoulés depuis cette
époque, et néanmoins l’éventail est encore
très-propre et comme neuf. Celui qui le pOs-
( i ) L e s Japonois font usage de deux sortes d ’écriture.
Ils se servent : i ° de la chinoise , dans laquelle chaque
mot à peu près a son signe particulier. Suivant la tradition
des J ap o n o is , ils empruntèrent ces signes aux
Chinois il y a plusieurs milliers d’années , de sórte que
le nom d’une ch o se , quoique exprimé tout différemment
en japonois e t en ch in o is , est néanmoins indiqué par
u n même signe. Cettë écriture est usitée pour les ouvrages
d’un genre r e le v é , dans les pièces officielles e t
dans la correspondance des personnages d’ un rang distingué.
2° L e s Japonois ont un alphabet particulier com posé
de quarante-huit lettres ; c ’est«eelui des gens des
classes inférieures. On ne rencontre pas un seul Japon
o is , quelque basse que soit sa con d ition , 'qui ne sache
é c rire avec ces derniers caractères: p e là l ’étonnement
extrême de voir que de nos quatre matelots, i l n’y en
avoit pas un seul qui sut écrire.
sède,vle tient enveloppé dans plusieurs feuilles
de papier, et permet à peine qu’on le touche.
Je suis sur que nous avons , dans notre
voyage, écrit sur quelques centaines d’éventails
et de feuilles de papier. L ’on ne nous
contraignoit pas de le faire', on nous en prioit
très-poliment, et l ’on nous en remercioit en
portant l’écriture au front et en baissant la
tête. Souvent on nous régal oit de quelques
mets par reconnoissance, ou bien l ’on "nous
faisoit présent de tabac à fumer.
Les Japonois nous avoient délié les mains,
et pourtant ils tenoient eux-mêmes la pipe
quand nous fumions, de peut que nous pussions
venir à bout de nous tuer avec le tuyau.
Ils se lassèrent bientôt de cette mesure, et
décidèrent dans leur conseil de nous laisser
nous-mêmes ’ tenir nos p ip e s , cependant
avec la précaution de mettre à l’embouchure
une boule de bois de la grosseur d’un oeuf
de poule. Nous en rîmes de bon coeur, et nous
leur fîmes comprendre par signes qu’il nous
seroit encore bien plus aisé de nous étrangler
avec ces houles qu’avec le tuyau seul; ils en
rirent eux-mêmes, et nous dirent, par l ’intermédiaire
d’A le x is , que les lois de leur
pays leur ordonnoierit de veiller avec la plus