Mous restoit étoit donc lafuite..,.MaisM. Moor,
ainsi que les matelots Simanoff et Vassilieff,
ne vouloient pas du tout se décider à cette
entreprise désespérée, quoique nous fissions
tous nos efforts, M Chlebnikoff et moi, pour
les y déterminer. Nous leur prouvions qu’il
n ’étoit nullement impossible de nous échapper
de notre prison , de s’emparer d’un bâti-,
ment le long de la côte, et ensuite , avec
l ’aide de Dieu, de fuir, suivant les circonstances,
soit au Kamtschatka, soit à la côte
de Tartarie. « Et ne vaubil pas mieux, ajou-
<£ tions-nous, tenter un noble effort et périr
<c en m e r , élément auquel nous avons con^
«c sacré notre v ie , et dans lequel une foule
« de nos compagnons trouvent tous les ans
« leur tombeau, plutôt que de languir et
« de mourir en prison. I/entreprise est pé-
« rilleuse à la vérité , mais elle n’est ni
« desespérée ni d’une exécution impossible.
« Les tempêtes et les flots ont déjà souvent
çc poussé des bâtimens japonois sur nos
« cotes : pourquoi ne pas espérer d’y abor-
cc der, puisque nous y dirigerons notre route ?»
Nos remontrances, nos exhortations furent
vaines. M. Moor et les deux matelots restèrent
sourds à tous nos discours, pour leuç
faire approuver notre projet. Espérant néanmoins
qu’un jour ils y consentiroient, nous
commençâmes à ramasser des vivres. Nous
mettions de côté, en cachette de nos gardes
et de nos domestiques, une partie du riz que
l ’on nous servoit ; pendant la nuit, nous le
faisions sécher, et nous le gardions dans de
petits sacs.
Le printemps commença; les jours devinrent
plus longs, la chaleur dirsoleil fit dis-
paroître le froid et les brouillards. A u commencement
de mars, le gouverneur ordonna
de nous laisser souvent promener dans la
cour. Le 4 de ce mois, Teské nous annonça
qu’il seroitplus avantageux pour nous qu’on
nous fît aller à la capitale, où nous aurions
l ’occasion de convaincre les membres du gouvernement
de la vérité de nos déclarations,
et d’obtenir d’eux notre élargissement ; car
- i l étoit douteux qu’ils s’y décidassent d’après
nos propres assertions. «T ou te la capitale,
« continua-t-il, est convaincue queChvostoff
« n’a agi que d’après les ordres de son gou-
« vernement et que vous n’étiez partis de
« Russie que dans le dessein de reconnoître
« les ports et les forteresses du Japon , et