nous apprîmes, c’est que, d’après les lois dut
pays, aucun Japonois ne peut porter le même
nom que l’empereur régnant ; par conséquent,
tous ceux qui s’appellent comme l’héritier
présomptif, doivent changer de nom lorsqu’il
monte sur le trône.
Les Japonois ont des nom3 de famille et
des prénoms, mais ceux-ci ne se mettent que
les derniers; par exemple, Vecara est le nom
de famille, et Koumaddjero le prénom. Dans
la conversation, soit familière, soit avec des
personnes pour qui l’on a du respect, on n’énonce
que l ’un des noms. Mais, dans le dernier
cas, l’on fait usage du mot Sama, qui répond
à notre mot Monsieur, et on l’accole à
son gré au nom de famille ou au prénom,
mais tonjours en seconde ligne; par exemple,
Vecara-Sama, Teslcé-Sama, etc. Ce mot Sama
a, chez les Japonois, plusieurs significations.
Il répond aux expressions de*seigneur-dieu,
dominateur, seigneur, etc.; comme Tento-
Sama, qui signifie le seigneur dieu du ciel;
Koumbo-Sama,l’empereur temporel du Japon.
Koumbo est le nom de la famille actuelle -
ment régnante; Kin-Raï-Sama, l’empereur
spirituel du Japon. Kin-Râï est le nom de sa
maison; Obounio-Sama, Mousieur le gouver-*
heur. Mais le mot Sama ne se joint pas aux
autres titres ; ainsi l ’on ne ditpasGuimiyagou»
Sama, etc. Je dois, au reste, observer que,
dans tous les cas dont je viens de parler, ce
mot se prononce uniformément; mais quand,
il s’écrit, l ’orthographe diffère pour chacun.
Revenons à la lettre de l’empereur de
Russie. Elle contenoit la liste de tous les présens
que ce souverain envoyoit à 1 empereur
du Japon. La relation de Krusenstern nous
avoit appris que les Japonois ne les avoient paâ
vus; nos interprètes nous demandèrent néanmoins
de leur expliquer ce que c’étoient que
les differens objets portés sur la liste; ensuite
ils avouèrent qu’ils en avoient une description
détaillée, qui faisoit connoître non seulement
la dimension et l’usage de chaque chose,
mais aussi en quel lieu et en quel temps elle
avoit été fabriquée. L’on nous montra cet état,
et l ’on nous en traduisit quelques passages^
Les Japonois sont réellement d’une adresse
et d’une finesse extrêmes. Quand ils v eu lent
avoir quelques renseignemens sur un
objet, ils font leurs questions, comme s’ils
n’avoient pas la moindre idée, ebqu’ils l ’entendissent
nommer pour la première fois ; mais
quand ils ont appris ce qu’ils désiroient savoir