insignifiant que Chvostoff eût poussé la témérité
jusqu’à vouloir, de son chef et par un
acte en forme , ranger sous la puissance de
]a Russie, sans avoir la force nécessaire pour
î ’y maintenir, un peuple soumis à une domination
étrangère; distribuer parmi des hommes
à demi-sauvages , des médailles à l’effigie
de son souverain, et élever un simple navire
marchand au rang d’une frégate de l ’Etat.
Cette pièce prouvoit aux Japonois que Chvos-
toff avoit suivi les ordres de son* souverain ;
ils devoient par conséquent nous regarder
comme des espions q u i , les prenant pour des
gens crédules, s’efforçoient de leur persuader
que l ’attaque avoit eu lieu par le simple
caprice d’un capitaine de navire marchand,
et avoient le projet d’examiner leurs côtes et
leurs places fortes.
Malgré l’embarras dans lequel nous jeta cet incident
imprévu, nous ne perdîmes pourtant
pas courage , et nous déclarâmes résolument
aux Japonois que s’ils ne nous croyoient pas ,
ils pouvoient nous faire mourir. cc Nous ne
cc craignons pas la mort, leu r dîmes-nous,
« tôt ou tard la vérité se montrera au grand
£( jou r; alors vous vous reprocherez votre
cc crédulité et vous déplorerez notre sort ,
« mais trop tard ; une seule chose nous af-
cc fîige, cest que vous ayez si mauvaise
ce opinion de notre gouvernement. Comment
cc pouvez-vous penser que le souverain d’un
cc empire aussi Vaste et aussi puissant que la
cc Russie soit capable de s’abaisser au point
cc d envoyer une poignée de monde pour dé-
cc vaster, brûler et piller des villages et sou-
cc mettre à son sceptre un pays désert ; et par
cc quels moyens? par la distribution de mé-
« dailles à son image et de certificats signés
cc par le capitaine d’un navire, marchand,
cc parmi des gens qui n’ont pas là moindre
cc idée de ce que cela signifie. Toute la con-
cc duite de cette affaire est absurde. Si les c ir -
cc constances obligeoient notre souverain à
cc envoyer dans un pays étranger des médail-
« les à son image, nous pouvons assurer
cc qu’une mission de cette nature n’auroit pas
cc été confiée à Chvostoff; la personne qui en
cc aurait été chargée, n’auroit pas incendié
cc les villages, ni pillé les pauvres habitans;
cc elle auroit, au contraire, pris dés mesures
cc pour que l’image de l’empereur , qui se
» trou voit sur les médailles, ne leur eût ins*
» pire que de l’amour èt du respect. Si deux
ce vaisseaux japonois tenoient unë conduite
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