les Anglois, ce qui les eût privés d’avantages
considérables, et eut mis un terme à leurs
friponneries, et à la vente de bagatelles qu’ils
Me cédoient qu’à des prix exorbitans, et
meme scandaleux. Teské convint que nous
avions raison, et fut convaincu que l’avarice
et l ’amour du gain avoient seuls fait parler
les Hollandois, mais Mamia-Rinso fut d’un
avis contraire. À cette occasion, Teské nous
raconta un fait qui avoit tellement irrité le
gouvernement japonois contre les Anglois,
que si un bâtiment de cette nation se montrait
sur les cotes de l ’empire, anse conduiroit envers
lui comme on avoit fait envers nous.
Un ou deuxansaprès le départ de Broughton,
un gros navire sous pavillon russe parut à
l ’entrée du port deNangasaki. DesHollandois
et des Japonois allèrent aussitôt à bord, par
ordre du gouverneur. Les premiers y furent
tous retenus, à l ’exception d’un seul; les derniers
furent renvoyés à terre avec ce Hollandois,
pour annoncer que le navire étoit
Anglois, et que la guerre existant entre les
deux nations, on allait emmener comme prisonniers
de guerre tous les Hollandois gardés
a bord, si les Japonois ne livroient pas un
certain nombre de boeufs et de cochons. En
attendant la réponse, les Anglois parcoururent
le port e n canots, prenant partout des
sondes. Cependant les Hollandois avoient
p e r su ad é au g o u v e rn e u r de fa ire 1 échangé,
les boeufs et les cochons furent transportés à
bord, et les Hollandois relâchés. Mais, par
suite de cette affaire, le gouverneur fut puni
de mort, et l’ordre fut expedie partout dagir
hostilement contre les Anglois.
Quand nous fîmes l’observation que les
Hollandois trompoient les Japonois, leur apportaient
de mauvaises marchandises, et les
vendoient à un prix exorbitant, Teske répondit
que son gouvernement ne l’ignoroit
pas, et que pourtant il ne vouloit pas changer
les anciens usages; qu’en conséquence, illais-
soit introduire par les Hollandois les mêmes
marchandises qu’ils avoient apportées quand.
• le commerce avec eux prit naissance, et
qu’il ne se soucioit guère qu’elles fussent
bonnes ou mauvaises. Nous apprîmes a ce
sujet l’anecdote suivante. Les Hollandois,
durant la guerre avec l’Angleterre, n’ayant
aucun moyen d’expédier au Japon des marchandises
d’Europe, frétèrent des navires des
États-Unis d’Amérique, y mirent les cargaisons
convenables, et les firent partir pour