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points, nous eussions été en état de ne pas
yarier dans nos expressions. Us ne purent revenir
de surprise , que nous, eussions des
bombes qui pesoient neuf pouds (5a4 livres),
et rirent de ce que nous préférions faire
partir nos fusils par une pierre à fe u , plutôt
que de nous servir comme eux d’une mèche.
Quant à notre affaire, le bounio revint
plusieurs fois sur les questions qui nous
avoient déjà été faites à Chakodade; niais il
ne nous en adressait qu’une seule ou toiit au
plus deux en un jour, comme si elles n’eussent
été que des choses accessoires, et que son
principal objet eût été de satisfaire sa curiosité.
Au reste, quand il nous interrogeoit
relativement à notre affaire, il vouloit que
nos réponses fussent détaillées et claires. A
cette occasion, nous découvrîmes encore une
circonstance fâcheuse; c’est que nos deux domestiques
étoient ces mêmes Japonois que
Chvostoff avoit enlevés de l’île Sagbalien ;
que cet officier les avoit retenus au Kamtchatka,
pendant tout l’h iver, et les avoit ensuite
ramenés sur les terres du Japon. Nous
ne savions pas quel avoit été son but en
agissant ainsi. Ces deux hommes venoient
tour à tour avec nous au château, et assisloient
toujours à nos entretiens ou interrogatoires.
Une fois le bounio fit une question
sur Chvostoff, et aussitôt interrogea le domestique
sur quelque chose ; celui-ci répond
it, et nous le comprîmes très-bien, que Funiforme
de Chvostoff avoit absolument les
mêmes broderies que le mien et celui de
M. Moor. Les Japonois nous regardèrent en
riant. « Les deux domestiques Ileinské et
« Fok-Massé, dit alors le bounio, racontent
« -.qu’étant au Kamtschatka, ils on t'été con-
« dui'ts au commandant, et que celui-ci a
<< menacé d’attaquer le Japon avec une grande
« armée, et non de commettre du dégât dans
« un ou deux endroits , comme Chvostoff,
« mais de tout brûler et saccager. » Nous répondîmes
qu’il nous semblait très-peu probable
que le commandant du Kamtschatka se
fût exprimé de la sorte; que c’étoit peut-être
un officier de la garnison qui avoit tenu ces
propos , et qu’en supposant même que c’eût
ete le commandant, ce n’étoit pas un personnage
d’une si haute importance en Russie, et
qu’il pouvoit déraisonner tout comme uu
autre. Notre gouvernement, comme nous le
prouvâmes, ne partageoit pas cette façon de
penser ; autrement il ne se serait pas borné à