CHAPITRE
M. Golovnin e t ses compagnons sont garrottés.— Menés
dans l ’interieur deKounascliir.— Transportés dans Vile
de Matsmaï.— Conduits en bateau le long des côtes.
— Montagne franchie sans sortir du bateau.— Route
reprise par eau.— Industrie dû pays.— : Conduite des
Japonois envers lesRusses.— Les Russes sont garrottés
moins rudement.— Route par terre e t par eau.— A r rivée
à A tk is .—-Continuation du voyage.-— Inquiétudes
des Russes.— Deux officiers font des dessins pour
les Japonois. — Les Russes invités a écrire sur des
éventails ou sur du papier.— Questioùs réitérées qu’on
leur Adresse.— Arrivé e à Chakôdadé.— Ils sont mis séparément
en prison.
O n nous reconduisit d’abord dans la même
tente où* nous étions auparavant ; mais nous
n’y retrouvâmes, aucun des commandans ; on
nous lia foiblement les. mains derrière le dos,
et l’on nous mena dans un bâtiment vaste,
mais bas, qui ressembloit à une caserne, située
sur le rivage, vis-à-vis le fort. Etant tous
réunis, à l’exception du matelot Makaroff que
je n’avois pas vu depuis ma sortie du fort, on
«oUs fit mettre à genoux, et Von nous garrotta
avec des cordes de la grosseur du doigtt
ce ne fut pas tout; on nous serra encore avec
des cordes plus minces, ce qui étoit bien plus
douloureux. Les Japonois sont d’une adresse
mei veilleuse à cette opération, et l’on pourroit
croire qu il existe chez eux des règles pour
garrotter; car nous étions tous liés de la même
manière: les liens étaient n ou é sen tre la c é s
aux rnemes endroits, placés a la mênie distance;
ils passoient autour du cou et de la
poitrine; nos coudes se touchoient presque ,
et nos mains étoient fortement serrées l’une
contre 1 autre par une corde dont un Japonois
tenoit un bout ; au moindre effort de notre
part pour nous enfuir, il lui suffisoit de la
tirer; nos coudes se touchoient en nous Causant
la douleur la plus v iv e , et le lacet passé
autour du cou le serroit si fortement qu’il y
avoit de quoi nous étrangler. Ils nous lièrent
aussi les jambes ensemble en deux endroits,
au-dessus des genoux et au-dessous des mol»
lets. Ils firent ensuite passer sur les solives de
la chambie les cordes que nous avions au cou,
et les tendirent tellement que nous ne pouvions
¡m* remuer. Alors ifs fouillèrent nos
poches , prirent tout ce qu’ils y trouvèrent,