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de vaines menaces, et les Japonois guroient
bientôt senti que, chez les Russes, une attaque
de pur brigandage et une guerre déclarée
par l’empereurn’étoient pas du tout la même
chose. Le bounio ne parut nullement offensé
de celte réponse, et continua très-ami cal
ment ses questions.
En finissant l’entretien, il nous annonça
qu’il ne nous feroit pas venir de sitôt, parce
qu’il vouloit nous laisser le temps de rédiger
l ’exposé de notre affaire; que Koumaddjero
l ’interprète, auquel il avoit donné les instructions
nécessaires, nous aideroit dans ce trava
il. Au reste, chaque fois qu’il nous congé-
dioit, il nous adressoit toujours cette exhortation
: Ne vous abandonnez point au désesp
o ir , mais adressez vos prières à Dieu, et
confiez-vous à moi....Il ajoutoit que si nous
avions besoin de quelque chose, npus n’avions
qu’à la ..lui demander sans craintq ,
parce qu’il feroit pour nous tout ce que lu i
permettoient les lois de l ’empire.
Je dois rappeler ici quelques attentions
que les Japonois eurent pour nous dans le
courant d’octobre. J’ai déjà dit qu’ils nous
avoient donné des vétemens chauds et des
pearux d’ours; comme le froid devint , plus
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rigoureux, et que nous vivions néanmoins à
peu près en plein air, ils collèrent du papier
entre les barreaux extérieurs du hangar; e t,
Sur nos instances, ils firent percer en haut
une fenêtre qui pouvoit s’ouvrir et se fermer
par le moyen d’un cordon ; elle nous pro-
ciiroit du moins la vue du ciel et de la cime
de quelques arbres : dans notre triste état,
c’étoit déjà une consolation. En outre, ils
Creusèrent un grand trou à cinq pieds environ
de chacune de nos cages ( i) , les revêtirent
de pierres de taille épaisses, et les remplirent
de sable. Ils entreténoient dans ces
(1) Plusieurs officiers, l’interprèté, le médecin et
Farchitecte formèrent comme un conseil pour fixer le
lieu précis où ces fosses serorent creusées. Tout fut examiné
et mesuré; la délibération dura plus d’uae heure.
Nous crûmes d’abord qu’i f s’agissoit de quelque chose
de très-important; mais nous apprîmes b enlôt le motif
de toutes ces formalités. Les Japonris Vouloient placer
ces foyers de manière qu’il nous fût impossible d’attëin-
dre les charbons avec les mains, mais en même temps
que nous pussions allumer nos pipes au moyen de leurs
longs tuyaux. L’esprit de détail et de minutie propre .à
cette nation nous étoit extrêmement à charge. S’ils peuvent,
nous disions-nous, délibérer des heures entières
sur de semblables bagatelles, quel temps ne leur faudra-;
t-il donc pas pour terminer notre affaire?
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