ils nous répétèrent fréquemment qu’ils n’a-
voient pas du tout de poudre à tire r, qui
leur étoit indispensable pour aller à la chasse
en hiver; les Japonois les fournissoient de
tout, excepté de poudre. Cette mention fréquente
de la poudre me fit remarquer qu’ils
désiroient en obtenir de moi, mais qu’ils n’o-
soient pas en demander. Persuadé qu’ils ne
s’en serviroient que pour aller à la chasse, je
leur donnai une demi-livre de poudre fine
anglaise, ainsi que du tabac, de la verroterie
et de petites boucles d’oreilles. Ils partirent
vers dix heures du soir, après que je leur
eus de nouveau recommandé de faire tous
leurs efforts pour convaincre les Japonois de
nos intentions amicales et pacifiques. Pendant
que les Kouriles étoient avec nous,, j ’envoyai
à terre le raidshipman Filatoff échanger, avec
les Kouriles velus, des feuilles de tabac pour
de l ’ail sauvage et de la saranne. Il revint
bientôt apportant plusieurs paquets de ces
deux plantes, que je destinois aux malades.
Le temps fut si calme pendant toute la nuit
du ï 7 au 18, qu’il n’y eut pas possibilité d’ap*
pareiller. De grand matin, nous aperçûmes
un baïdar portant pavillon qui venoit à la
çorvette ; imaginant que les Japonois vouloient
nous faire une visite, nous nous préparâmes
pour les recevoir. Afin de leur montrer
que nous les attendions, je fis serrer les
voiles, quoique le calme rendît cette précaution
inutile. Vers huit heures, le baïdar s’étoit
assez approché pour que nous pussions distinguer
une natte blanche au lieu d’un pav
illo n , et bientôt nous reconnûmes qu’il
portoit nos amis les Kouriles qui nous avoient
visités la veille. Il y avoit avec eux un jeune
homme nommé Alexis Máximo vitsch. Les
hommes étoient vêtus de robes à la japonoise,
longuès et très-amples, avec des manches
courtes et larges. Ces robes étoient en toile
de coton bleue à raies grises. Les femmes
avoient en partie pour vêtemens des peaux
d’oiseaux garnies de plumes; le long de leur
dos pendoient, en guise de parure, des becs
de macareux ; elles avoient lá tete ceinte d’une
toile de coton, les hommes l’avoient nue. Tous
portaient aux jambes des torbas ou bottes
de peau de phoque. L ’essaiil ou chef monta
pieds nus à bord; mais, avant de saluer et de
commencer à parler, il mit ses bottes ; ensuite
il s’approcha de moi avec les mêmes démonstrations
de respect qüe ces gens témoignent
aux Japonois. Je conclus de sa conduite, qu’ils