personnes en grade parmi eux pussent aller
à bord dans mon canot; leur vue trànquilli-
seroit mes officiers sur mon compte : à ces
conditions, je consentois à le süivre'au fort.
Un Japonois s’offrit aussitôt pour partir ;
mais quand on envoya demander la permission
du commandant en c h e f , il la refusa,
disant qu’il alloit venir lui-même.
Quelques minutes après, un messager vint
nous annoncer de sa part qu’il dînoit et ne
pouvoit arriver de sitôt. Je ne voulus pas l’attendre
plus long-temps; je promis d’approcher
davantage la corvette de terre, et d’aller
ensuite avec eux dans le fort. Le commandant
en second n’essaya pas de me retenir \
quand nous nous séparâmes, il me fit présent
d’une bouteille desaki, de quelques poissons
frais , et s’excusa de ce que la provision n’é-
toit pas plus considérable; puis il me montra
un grand filet qui avoit été jeté pour n ou s ,
me priant d’envoyer encore le soir un canot à
terre, parce qu’il avoit l’intention de nous a-
bandonner toute la pêche. Il accepta de moi
un verre ardent et quelques bouteilles d’eau-
de-vie, mais il ne permit pas aux Kouriles
de recevoir de nous du tabac. En signe
d’amitié il me donna encore un éventail blanc,
qui devait nous servir de signal pour annoncer
nos intentions amicales lorsque nous
irions à terre. En m’interprétant les discours
du Japonois, Alexis me parla beaucoup de
croix, mais d’une manière si obscure et si
inintelligible, .que je n’en pus rien comprendre.
Ce fut seulement lorsque nous fûmes
en pleine liberté dans le canot, et qu’il se fut
remis, qu’il m’expliqua ce qu’il avoit voulu
dire. Ls commandant japonois savoit combien
les Russes honorent la croix; c’est pourquoi,
en signe et en confirmation de nos intentions
pacifiques envers, sa nation, il me
prioit de faire le signe de la croix. Je fus très-
contrarié et très-fâché de ce qu’étant à terre,
je n’avois bien compris Alexis.
Vers le soir, la corvette vint mouiller à
portée de canon, de la forteresse: il étoit
trop tard pour que j ’allasse à terre entamer
des négociations; je chargeai donc le
midshipman Yakouschkin de s’embarquer
dans un canot armé pour porter aux Japonois
la lettre du commandant d’Itouroup, et
rapporter les poissons que l’on m’avoit promis.
Il de voit aborder au même endroit que moi,
mais ne pas abandonner le canot une seule
minute. Il exécuta mes ordres avec la plus