nous faire comprendre que les Japonois sou-
haitoient que nous ajou tassions, dans les autres
divisions, la signification de chaque mot en
anglois, françois et hollandois. On nous dit
que ce cahier avoit été envoyé de la capitale,
que l’on ne savoit de quel papier les mots
avoient été tirés ni qui les avoit rassemblés,
mais que probablement c’étoit un Japonois
qui entendoit le hollandois. Nous étant aperçus
du tour que l ’on vouloit nous jouer, nous
dissimulâmes aussi, et nous fîmes comme si
nous ignorions d’où ces mots venoient^ et
comme si nous n’y pouvions trouver aucun
sens, puisqu’il y en avoit plusieurs dans le
nombre qui n’étoient pas russes. Nous entendions
par là quelques mots qui, commençant
par un C (S russe) étoient écrits dans le cahier
par un E. Nousconjecturâmes, d’après la forme
des lettres et l’écriture, que c’étoit Touvrage
d’un Européen qui n’entendoit pas le russe,
parce qu’indépendamment des fautes rapportées
plus haut, il avoit mis les mots au même cas
et au même nombre qu’ils étoient dans la
lettre; et que, dans quelques-uns, il avoit
confondu des lettres, etc. Notre supposition
était fondée ; car Teské nous avoua, quelque
temps après, qu’un Hollandois, nommé L a x -
mann, avoit écrit ce cahier. Cet homme, séduit
par l’appât d’une somme considérable, s’est
déterminé à ne plus retourner dans sa patrie.
Il vit à Iédo, où il s’occupe d’observations astronomiques
et de la composition de cartes
géographiques.
Après avoir fait ces remarques sur le cahier
qui nous étoit présenté, nous refusâmes
nettement de condescendre au voeu des Japonois,
déclarant que nous avions des motifs
de croire que, si nous ajoutions la traduction
des mots dans les langues indiquées, les in terprètes
hollandois qui n’étoient pas trop
bien disposés en faveur des Russes, y met-
troient ensuite un sens tout particulier. Nous
aurions p u , dîmes-nous, citer à l ’appui de
cette assertion l’aveu même des Hollandois;
ils avoient assuré que leurs efforts avoient
beaucoup contribué aux querelles de Resanoff
avec les Japonois; néanmoins, nous offrions
de traduire tout le morceau*, mais non pas les
mots mutilés. Les Japonois nous demandèrent
aussitôt comment, dans leurs altercations avec
Resanoff, les Hollandois avoient ptf jouer un
rôle direct et actif. Nous leur parlâmes alors
de la lettre interceptée par un vaisseàu anglois;
les Hollandois s’y vantoient d’avoir réussi à