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d’argent à l’effigie de Catherine I I , un sac du
Japon, contenant environ deux poudsde riz,
et une superbe cave vernie et dorée qui ap-
partenoit au gouverneur. On nous demanda
®i nous avions vu en Europe quelque chose
qui ressemblât aux modèles d’embarcation et
a la cave, e t le nom de la pièce de monnoie,
sa v a leu r , et combien le sac en pourroit r e n - ;
fermer en poids de Russie. Ces questions furent
débarrassées de toutes les digressions ordinaires.
Les Japonois tirèrent ensuite de la
cave d’excellent saki, et des confitures dont
ils nousrégalèrent. Finalement, Koumaddjero
nous fit entendre que c’étoit par l’ordre du
gouVernèuiyqui ne pouvoit nous traiter lu i-
même. Je dois, au reste, avouer que les Japonois
ne négligeoient rien pour nous tranquilliser,
et surtout veilloient avec le plus
grand soin à notre santé. Le médecin nous
Visitoit chaque joür; un de nous souffroit il
de la moindre incommodité , il revenoit deux
ou trois fois; et, quand le cas lui paroissoit
grave, il amenoit d’autres gens dç l’art. Leur
sollicitude alloit si loin, qu’une nuit un incendie
ayant éclaté dans la ville 0 ) , et causé
(1) t é féu avoit pris, par l'imprudence du gardien,
à bord d’un navire placé sous un appentis, J)ans ces ocun
certain tuniulte, nos gardés s’approchèrent
tout doucement denous pour nous apprendre
la cause du bruit, et nous engagèrent à ne
pas nous inquiéter. Dans les premiers temps
de notre captivité «à Matsmaï, l’on n’avoit pas
été si soigneux pour notre sommeil.
Parmi les bons offices que les Japonois
cherchèrent à nous rendre, il est à propos que
je rapporte un incident assez bizarre, dont
nous n’avons jamais pu découvrir la cause
réelle. La surveillance de notre nourriture
étoit confiée à un vieil officier de soixante ans.
Il nous inarquoit beaucoup d’affection, e t
nous consoloit souvent par l’espérance que
certainement nous retournerions dans notre
patrie. I l nous apporta un jour trois dessins
qui Veprésentoient des dames japonoises dans
leurs plus riches parures. Croyant qu’il vou-
loit simplement nous montrer ces dessins,
nous les lui rendîmes après les avoir examinés,
mais il nous pria de les garder; nous fîmes
des façons ; il insista. A quoi cela peut-il nous
servir, demandâmes-nous?— « A vous désennuyer
en les considérant, reprit-il. »—•
« Mais nous trouvons-nous dans la position
casions, les Japonois sonnent le tocsin et battent la générale.