dernière mode, nous pouvions nous-mêmes
indiquer le modèle qu’il faudroit suivre.
Ayant répondu que nous avions assez d’habits
et qu’il ne nous en falloit pas, les Japonois
répliquèrent qu’il leur étoit indifférent que
nous en eussions beaucoup ou peu , mais que
le gouverneur vouloit nous faire un présent,
et que nous ne pouvions pas le refuser. Il n’y
avoit aucun moyen de ne pas accepter; ainsi
nous dîmes qu’on pouvoit nous faire des v ê -
temens chauds, d’après le modèle d’un habit
de M. Chlebnikoff qui lui avoit été envoyé
de la corvette; on fît aussitôtentrer le tailleur
dans une salle où l’on gardait nos effets ; on lui
montra le modèle, et on lui fit prendre mesure;
il seservit pour celad’une mesure divisée
en dix parties, et mit tout par écrit.. Après qu’il
eut terminé sa besogne avec nous (r); on
(1) Au bout de quelques jours, nous reçûmes les vê-
temens qui nous avoient été promis. Ils étoient d’une
étoffe de coton, épaisse, assez semblable à une frise couleur
cerise; elle s’appelle mompapn japonois. Ces vête-
mens étoient ouatéret doublés en coton. On avoit employé
à ceux des matelots une étoffe de coton commune,
ouatée et doublée, et on lés avoit taillés sur le niêîne
modèle que les nôtres ; mais ils étoient si singulièrement
faits, qu’ils ne ressembloient ni à un manteau, ni
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nous ramena devant le bounio, qui nous interrogea
encore durant quelques heures, et nous
congédia en nous exhortant à ne pas nous livrer
au désespoir, mais à réclamer l’aide de
Dieu par nos prières et attendre patiemment
l’issue de notre affaire; « Vous pouvez être
assurés, continua-t-il, que j ’emploierai tous
les moyens auprès de l’empereur, mon souverain
, pour obtenir votre retour dans votre
patrie.' Je vous ferai donner de l ’encre et du
papier, pour que vous puissiez exposer votre
affaire en russe, et ensuite, de concert avec
les interprètes, traduire votre écrit en japonois.
Je verrai votre mémoire , je le communiquerai
au gouvernement, et je ne négligerai
rien pour que tout se termine à votre satisfaction.
Vous joindrez à votre mémoire une
requête que vous m’adresserez. » Nous remerciâmes
le bounio de sa bonté. De retour dans
notre prison, nous doutions encore si ces
motifs de consolation que nous donnoient les
Japonois, étoient réels ou imaginaires.
Nous ne fûmes pas conduits de nouveau
devant le bounio jusqu’au 6 octobre. Notre
à une redingotte, ni à une robe de chambre; ils te-
uoient un peu de cbàcun de ces différent vètemens.
Alekis reçut une robe à la japonoise;