gouverneur nous dit que les liabilans de la
capitale verroient avec plaisir quelque chose
qui pût leur donner une idée de la haute taille
de§ Russes, et qu’en conséqence il désiroit
que l ’on nous mesurât. Ce fut fait a l ’instant.
En Europe, on nous eût regardé tous les trois
comme étant d’une taille moyenne, mais au
Japon nous étions des géans. Que devoient-
ils donc penser de nos matelots, qui n’eussent
pas fait mauvaise figure, même dans la garde
impériale ?
La curiosité des Japonois n ’étoit pas encore
satisfaite, ils voulurent aussi envoyer nos
aiguilles et des ciseaux; qu’au reste ce n’étoit pas difficile,
et que les Japonois pouyôient -bien faire cette besogne.
Mais ceux-ci insistèrent pour que les matelots se
missent à l’ouvrage, et se décidèrent enfin à leur confier
une aiguille et des ciseaux.
Les Japonois étant assez adroits à tous les ouvrages
manuels, eussent pu raccommoder les chapeaux aussi bien
que lé firent les matelots je crois qu'ils s’en dispensèrent
pour pouvoir dire dans la capitale que les Russes avoient
eux-‘mêmes coupé, puis recousu leurs chapeaux, mais
sans rien dire dé la circonstance où les soldats àvoien’t
fait preuve de leur bravoure contre ees chapeaux, car
peut-être il eût pu eu résulter quelque chose de fâcheux
pour ceux-ci. Nous eûmes ensuite plus d’une occasion
d’apprendre combien, dans des cas semblables, les Japonois
sont adroits et retors.
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portraits dans la capitale. Teské, qui se méloit
de dessiner, fut chargé de tirer notre ressemblance.
Il nous peignit à l’encre de la Chine ,
mais nous étions représentés de manière que
chaque portrait pouvoit nous convenir à tous;
car, a 1 exception des longues barbes, nous
n’y trouvâmes pas la moindre ressemblance.
Les Japonois les expédièrent néanmoins à
Iédo, et certainement ils y font aujourd’hui
l ’ornement d’une galerie de portraits.
Deux jours avant son départ, le magistrat
qui de voit aller dans la capitale, vint nous voir
pour prendre congé de nous, à ce qu’il nous
dit, et pour examiner comment nous nous
trouvions, afin qu’il en pût rendre compte à
son gouvernement. Il nous assura de plus
qu’il emploieroit tous ses efforts pour que
notre affaire se terminât heureusement, nous
souhaita une bonne santé et nous quitta. C é -
toit la première fois que nous recevions la
visite d’un homme d’un grade si éminent, qui
étoit désigné pat le mot de guinmiyagou. Il
étoit un des cinq conseillers du gouverneur
de Matsmaï. Deux vivent dans la capitale où
ils se reposent; deux autres restentauprès du
gouverneur; le cinquième commande à Cha-
kodade. Ils remplissent cet emploi à tour de