par uiî fort grillage en bois, et en dedans par
des châssis de papier que je pou vois ouvrir
et fermer. Une des fenêtres donnoit sur le
mur d’un bâtiment éloigné du mien de .deux;
pieds ; l’autre donnoit sur le côté méridional
de la palissade qui ceignoit notre prison.
Par cette fenêtre je voyois des montagnes,
des champs, une partie du détroit de Sangar,
et la côte du Japon située sur l’autre rive. Près
delà porte, i l y avoit latéralement un petit
compartiment contenant une ouverture dans
le plancher qui conduisoit a une caisse enfoncée
profondément pour les besoins naturels.
La petite chambre renfermoit un banc
de bois si petit, que j’avois de la peine à m’y
coucher. Dans un coin il y avoit trois à quatre
nattes sur le plancher ; c’étoit tout l’ameublement.
Ayant ainsi fait la revue de ma prison,
j ’observai qu’à l ’aide d’un couteau ordinaire ,
je pouvais en trois heures couper aisément
le grillage de la fenêtre, et arriver dans la
cour. Il m’auroit été facile, en profitant de
l ’obscurité de la nuit, de franchir lapalissade
en bois et le mur en terre. Mais où prendre
le couteau, puisque l’on n’osoit même pas
nous confier une aiguille à coudre ? Supposé
même que je fusse dehors, où aller tout seul?
Que feroient alors les Japonoisde mes infortunés
compagnons ? L ’idée de leur sort m’épouvanta
tellement, que si j ’eusse réellement
eu un couteau, trouvé un bateau sur le
rivage, et pu m’en éloigner à la faveur d’un
vent d’est pour arriver à la côte de Tarfarie,
je n’aurois pas voulu l ’essayer pour tout au
inonde. Toutes mes recherches n’avoient donc
produit que des bulles de savon.
Avant la nuit, on m’apporta une couverture
neuve en coton ouatée, et une grande
robe de chambre aussi ouatée; mais celle-ci
étoit si usée et si sale, qu’elle puoit; je la
jetai dans Un coin. Durant toute la nuit , des
patrouilles firent d’heure en heure le tour de
la palissade, en agitant une crecelle (1). La
• garde de l’intérieur vint souvent avec du feu
pour voir ce que je faisois.
De bon matin, tandis que la plus grande
tranquillité régnoit encore partout, des mots
(1 ) Les sentinelles japonoises annoncent les heures en
frappant deux petites planches l ’une contre l ’autre ;
nous prîmes d’abord ce bruit pour ce lu i de crecelles.
Les patrouilles faisant le tour de la maison annonçoient
les h e u r e s , e t dans leur ronde reconnoissoient les sentinelles.