tués à coups de lance. Le gouvernement japonois
avoit été très-mécontent de cette conduite;
car, quoiqu’il eût certainement été
disposé à laire infliger une peiné capitale à ces
chasseurs, leur mort le privoit de beaucoup
de renseignemens importans, et peut-être lui
eussent-ils découvert depuis long-temps des
choses q u i, bien loin de nous attirer le malheur
qui nous étoit arrivé, eussent servi à
nous réconcilier avec eux. Nous apprîmes
aussi, mais ce n’étoit pas regardé par les Ja-
ponois comme un secret, puisque Teské nous
en parla plus tard; nous apprîmes, dis-je,
qu'un Aléoute, nommé YakofF, s’étoit de
même enfui du bâtiment de Chvosloff à Sa-
ghalien, et quelque temps après y étoit mort
du scorbut. Ses déclarations auroient pu contribuer
puissamment à nous justifier; car il
prétendoit que les bâtimens de la compagnie
avoient fait leur attaque sans l’ordre de leurs
supérieurs, et qu’il avoit appris cette particularité
de tous les Russes qui se trouvoient
à bord dë ces navires. Sa haine contre Chvos-
toff alloit si loin, qu’il l’avoit peint des couleurs
les plus noires, et avoit demandé aux
officiers japonois une arme et la permission
de pouvoir se cacher sur le rivage, afin d’avoir
le plaisir de tirer sur lu i quand il clescendroit
à terre, et se venger ainsi de l’injustice qu’il
en avoit reçue; cet homme s’etant enivre,
Chvostoff l’avoit fait fustiger. Alexis pensoit
que le meurtre des chasseurs avoit été commis
par les Japonois et non par les Kouriles; car,
certainement, ces derniers n’auroient pas
d’eux-mêmes hasardé un coup pareil. Il nous
cita, à l’appui de son opinion, le fait suivant
qui n’étoit réellement pas bien décisif, mais
qui, néanmoins, mérite d’être rapporté.
Les Japonois avoient, pendant plusieurs années,
fait la guerre aux Kouriles qui habitent
la partie septentrionale de Matsmaï;
voyant qu’ ils ne pouvoient les soumettre par
la force , ils résolurent d^en venir à bout par
la ruse. Ils leur adressèrent donc des propositions
de paix ; les Kouriles les acceptèrent
avec joie. On convint de célébrer cet événement
par quelques réjouissances. Les Japonois
construisirent une grande maison
pour la fête, invitèrent quarante anciens des
Kouriles et leurs plus braves guerriers à venir
y prendre part, et leur donnèrent un festin
splendide. Les Kouriles,entraînés par leur goût
pour les boissons fortes, burent outre mesure
chez leurs nouveaux amis. Les Japonois fei-: