santé, un bon voyage, ainsi qu’une prompte
fin de nos affaires. Sur ces entrefaites oh
nous noua à chacun une corde autour du
corps, et l ’on donna de même à chacun un
soldat et un surveillant chargé de tenir la
corde. Lès préparatifs du voyage ne correspondirent
nullement à la politesse que les
Japonois avoient mise dans leurs adieux; de
sorte que l’on auroit pu regarder celle-ci
comme une moquerie; cependant il étoit difficile
de s’imaginer que tous les fonctionnaires
publics de la v ille , à l’exception du
commandant en chef, se fussent concertés
pour se jouer de nous. Déjà nous commencions
à nous habituer aux. bizarreries du
caractère de cette nation.
Nous commençâmes notre voyage vers
midi. L ’on nous conduisit absolument dans
le même ordre qu'auparavant , excepté qu’indépendamment
des litières, il y avôit aussi
des chevaux à notre suite, qui portoient, au
lieu de selles, nos couvertures et nos robes
de chambre. Environ à cent pas de notre
prison, un détachement d’infanterie se tenoit
sous les armes dans la rué que nous traversâmes.
Le temps était serein et chaud. La
foule rassemblée pour nous voir passer, étoit
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innombrable ; beaucoup de personnes nous
accompagnèrent pendant près de trois verstes.
Notre escorte étoit composée d’un officier,
douze à seize soldats, deux inspecteurs et
beaucoup d’autres individus que l’on chan-
geoit à chaque station, et qui portoient les
litières, conduisoient les chevaux, etc. L ’interprète
Koumaddjero et le médecin Togo
étoient aussi avec nous.
Ayant été enfermés cinquante jours, nous
préférâmes aller à pied, nous ne montions
à cheval que lorsque nous étions fatigués.
Dans ce cas, les Japonois faisoient un paquet
de la corde qui nous lio it, nous la mettoient
derrière la ceinture, et nous laissoient chevaucher
en liberté; mais ils n’en usaient ainsi
qu’en rase compagne ; quand nous traversions
des villages, ils tenoient le bout de la corde.
Au sortir de Chakodade, nous suivîmes
toujours le bord de la mer; arrivés vis-à-vis
de l’isthme qui unit à la terre la presqu’île
sur laquelle la ville est située,nous gravîmes
une montagne défendue par une batterie;
elle étoit certainement placée là pour empêcher
d’entrer dans la baie; mais elle n’eût
pu s’y opposer, à cause de la hauteur considérable
de la montagne, et de la grande