éclore; gardoit avec celle qu’il avoit choisie, les fruits
de leur uniou ; les défendoit avec un courage que la
mère éprouvoit aussi, et déplojoit même avec plus
de succès , comme plus grande et plus forte, et apres
les avoir préservés de la dent cruelle de leurs ennemis
jusqu’au temps où, déjà un peu développés, ils pourvoient
au moins s.e dérober à la mort par la fuite;
attendoit, toujours constant et toujours attentif, auprès
de sa compagne, qu’un nouveau printemps leur
redonnât de nouveaux plaisirs, Que ce tableau fasse
goûter au moins un moment de bonheur aux âmes
pures et tendres. Mais pourquoi cette satisfaction toujours
si rare doit relie être pour eux aussi courte que
le récit qui l’aura fait naître? Pourquoi l’austère vérité
ordonne-t-elle à l’historien de ne pas laisser subsister
Une illusion heureuse? Amour sans partage, tendresse
toujours vive, fidélité conjugale, dévouement sans
bornes aux objets de son affection, pourquoi la peinture
attendrissante des doux effets que vous produisez,
n’a-t-elle été placée au milieu des mers que par un
coeur aimant et une imagination riante? Pourquoi faut-
il réduire ces habitudes durables que l’on s’est plu à .voir
dans l’espèce entière du lompe, et qui seraient pour
l ’homme une leçon sans cesse renouvelée de vertus et
'de félicité, à quelques faits isolés, à quelques qualités
individuelles et passagères, aux produits d’un instinct
un peu plus étendu, combinés avec les résultats de
circonstances locales, ou d’autres causes fortuites ?
Mais, après que la rigoureuse exactitude du naturaliste
aura éloigné du lompe, des attributs que lui avoit
accordés une erreur honorable pour ses auteurs, le
nom de ce cartilagineux rappellera néanmoins encore
une supposition toujours chère à ceux qui ne sont
pas insensibles ; il aura une sorte de chafme secret qui
naîtra1 de cë souvenir, et n’attirera pas peu l’attention
de l’esprit même le plus désabusé.
Vojons donc quelles sont les formes et les habitudes
réelles du lompe.
Sa tête est courte, mais son front est large. On ne
Voit qu’un orifice à chaque narine, et ce trou est placé
très-près de l’ouverture de sa bouche, qui est très-
grande. La langue a beaucoup d’épaisseur et assez de
mobilité; le gosier est garni, ainsi que les mâchoires,
d’un grand nombre de dents aiguës.
Le long du corps et de la tête régnent ordinairement
sept rangs de gros tubercules , disposés de manière
que l’on en compte trois sur chaque côté, et
qu’un septième occupe l'espèce de carène longitudinale
formée par la partie la plus élevée du corps et de la
queue. Ces tubercules, varient non seulement dans le
nombre de rangées qu’ils composent, mais encore
dans leur conformation, les uns étant aplatis, d’autres
arrondis, d’autres terminés par un aiguillon, et ces
différentes figures étant même quelquefois placées sur
le même individu.
Les deux nageoires inférieures sont arrondies dans