Ix d i s c o u r s
ligne équinoxiale, et par conséquent dans une étendue
de plus de sept cents myriamètres?
Combien de fleuves, combien de lacs, combien de
parages inconnus! Combien ces habitations qui se sont
jusqu’à présent dérobées a nos recherches , peuvent
renfermer d’espèces plus ou moins analogues à celles
dont des individus vivans, ou des restes fossiles, ont
été l’objet de nos descriptions !
Cependant élevons-nous encore plus haut au-dessus
des objets que nous venons de contempler.
; Avons-nous quelque moyen de juger de 1 ancienneté
de ces modifications dont nous venons d’examiner
les caractères et d’indiquer la succession ? Ne pouvons
nous pas du moins déterminer quelques époques
pendant lesquelles subsrstoient encore ou existoient
déjà une ou plusieurs de ces modifications? L’espèce
humaine, trop récente sur le globe , n’a pas pu observer
les durées des diverses nuances de ces altérations , et
compter pendant le cours de ces-durées le nombre-des
périodes lunaires ou solaires qui se sont succédées.
Mais la Nature n’a-t-elle pas gravé sur le globe quelques
ères auxquelles nous pourrions au moins rapporter une
partie de ces manières d’être dès espèces?'
Nous ne mesurerons pas le temps par le retour d un
corps céleste au même point du ciel, mais par ces bou-
leversemens terribles qui ont agi sur notre planete
plus ou moins profondément.
Nous n’appliquerons pas l’existencë des dégradations
des espèces à des temps réguliers et déterminés comme
les années ou les siècles ; mais nous verrons leur concordance
avec des événemens dont on connoît déjà les
relations des époques, en attendant qu’on ait dévoilé
leur ancienneté absolue.
Ici le flambeau de la géologie nous aide à répandre
quelque'clarté au milieu de la nuit des temps.
Elle nous montre comment, en pénétrant dans les-
couches du globe , et en examinant l’essence ainsi que'
le gisement des minéraux qui les composent , nous
pouvons savoir si nous avons sous les yeux des monu-
mens de l’une ou de l’autre des trois époques que l’on
doit distinguer dans la suite des catastrophes les moins
anciennes de notre terre , les seules qu’il nous soit
permis de reconnoître de loin.
La moins récente' de ces révolutions est le dernier
bouleversement général que notre globe a éprouve, et
qui a laissé de profondes empreintes-sur 1 universalité
de la surface de la terré.
Après cette catastrophe universelle, il faut placer
dans l’ordre des temps les bouleversemens moins étendus
, qui n’ont répand u leurs ravages que sur une grande
partie du globe.
L’on ne peut pas, dans l’état actuel des connoissances
humaines , déterminer les rapports des dates de ces
événemens particuliers ; on ne peut que les attacher
tous à la seconde époque, sans leur assigner à chacun
une place fixée avec précision sur la route du temps.