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dans la Seine une anguille qui vient de la mer lorsque
les marées sont fortes, et qui remonte dans la rivière
en même temps que les merlans. Sa tête est un peu
menue. Elle est d’ailleurs très-belle et communément
assez grosse. On la prend quelquefois avec la seine*;
mais le plus souvent on la pêche avec une ligne dont
les appâts sont des éperlans et d’autres petits poissons.
Troisièmement, le pimperneau est, suivant plusieurs
pêcheurs, une autre anguille de la Seine, qui a la tête
menue comme l’anguille blanche, mais qui de plus l’a
très-alongée, et dont la couleur est brune.
Quatrièmement, une autre anguille de la même
rivière est nommée guiseau. Elle a la tête plus courte
et un peu plus large que l’anguille commune. Le gui-
seau a d’ailleurs le corps plus court; son oeil est plus
gros, sa chair plus ferme, sa graisse plus délicate. Sa
couleur varie du noir au brun, au gris sale, au rous-
sâtre.
On le prend depuis le Hoc jusqu’à Hillequier., et
rarement au-dessus. Le citoyen Noël pense que le bon
goût de sa chair est dû à la nourriture substantielle
et douce qu’il trouve sur les bancs de l’embouchure
de la Seine, ou au grand nombre de jeunes et petits
poissons qui pullulent sur les fonds voisins de la mer.
Il croit aussi que cette murène a beaucoup de rapports,
* V oyez, à l’article de la raie bouclée, la description du filet appelé
seine*
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par la délicatesse de sa chair, avec l’anguille que l’on
pêche dans l’Eure, et que l’on désigne par le nom de
breteau. Les troupes de guiseaux sont quelquefois de-
trillées, suivant l’expression des pêcheurs, c’est-à-dire
qu’ils ne sont, dans certaines circonstances, mêlés avec
aucune autre murène ; et d’autres fois on pêche, dans
le même temps , des quantités presque égales d’anguilles
communes et de guiseaux. Un pêcheur de Vil-
lequier a dit au citoyen Noël qu’il avoit pris, un jour,
d’un seul coup de filet, cinq cents guiseaux, au pied
du château d’Orcheb.
Cinquièmement, Xanguille chien a la tête plus longue
que la commune, comme le pimperneau, et plus large,
comme le guiseau. Cette partie du corps est d’ailleurs
aplatie. Ses yeux sont gros. Ses dimensions sont assez
grandes ; mais son ensemble est peu agréable à la vue, et
sa chair est filamenteuse. On dit quelle a des barbillons
à la bouche. Je n’ai pas été à même de vérifier l’existence
de ces barbillons, qui peut-être ne sont que lés petits
tubes à l’extrémité desquels sont placés les orifices des
narines. L'anguille chien est très-goulue; et de la vient
le nom qu’on lui a donné. Elle dévore les petits poissons
quelle peut saisir dans les nasses, déchire les filets,
ronge même les fils de fer des lignes. Lorsqu’elle est
prise à l’hameçon , on remarque quelle a avalé l’haim
de manière à le faire parvenir jusqu’à l’oesophage, tandis
que les anguilles ordinaires ne sont retenues avec l’hameçon
que par la partie antérieure de leur palais. On