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lion seulement des poissons, mais des crabes et des
coquillages; il les avale même avec tant de précipitation,
que souvent de gros fragmens de dépouilles d’animaux
testacées, et des coquilles entières, parviennent jusque
dans son estomac, quoiqu’il eût pu les concasser et les
broyer avec ses; nombreuses molaires. Ces coquilles
entières et ces fragmens ne sont cependant pas digérés
ou dissous par ses sucs digestifs, quelquactives que
goint ces lrumeurs , pendant le peu de séjour qu ils
font dans un canal intestinal très-court, et dont le
loup est pressé de les chasser, pour les remplacer par
des substances nouvelles propres à appaiser sa faim
sans cesse renaissante. D’ailleurs l’estomac de cet ana-
rhique n’a pas la force nécessaire pour les réduire, par
la trituration , en très-petites parties | mais ce poisson
s’en débarrasse presque toujours avec beaucoup de facilité
, parce que l’ouverture de son anus est très-considérable
et susceptible d’une assez grande extension.
C’est dans l’Océan septentrional que se trouve le
loup. On ne le voit ordinairement en Europe qu’à des
latitudes un peu élevées ; on l’a reconnu à Botany-bay
sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande* : mais il
se tient communément pendant une grande partie de
l’année à des distances considérables de toute terre
et dans les profondeurs des mers; il ne se montre pas
pendant l’hiver près des rivages septentrionaux de
l’Europe et de l’Amérique ; et c’est à la fin du printemps
que sa femelle dépose ordinairement ses oeufs sur les
plantes marines qui croissent auprès des côtes.
Il s’élance avec impétuosité; et malgré cette rapidité
au moins momentanée, plusieurs naturalistes ont écrit
que sa natation paroît lente quand on la compare à
celle des xiphias : sa force est néanmoins très-grande ,
et ses dimensions sont favorables à des mouvemens rapides.
Ne pourroit-on pas dire queles muscles de sa tête,
qui serre , déchire ou écrase avec tant de facilité , sont
beaucoup plus énergiques que ceux de sa queue , tandis
que, dans les xiphias , les muscles de la queue sont plus
puissans que ceux de la tête, armée sans doute d’un
glaive redoutable, mais dénuée de dents, et qui ne concasse
ni ne brise. Nous devons d’autant plus le présumer,
que la natation, dont les vrais principes accélérateurs
sont dans la queue , n’est ordinairement soumise
à aucune cause rëtardatrice très-marquée , qui ne
réside dans une partie antérieure de l’animal trop pesante
ou trop étendue en avant. N’avous-nous pas vu
que la prolongation de la tête des xiphias égale en longueur
le tiers de l’ensemble du poisson? et de quel
pouvoir ne doivent pas être doués les muscles caudaux
de ces animaux, pour leur imprimer , malgré la résistance
de leur partie antérieure , la vitesse dont on les
Voit jouir ?
Ne pourroit-on pas d’ailleurs ajouter que quand
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