mais pour se trouver dans la couche d’eau la plus
élevée, par conséquent dans la plus tempérée, et dans
celle où doivent se réunir plusieurs des petits animaux
dont ils aiment à se nourrir.
Si les pêcheurs de ces côtes voisines du cercle polaire
ne rencontrent pas à leur portée, des fentes naturelles
et suffisantes dans la surface de l’Océan durcie par le
froid, ils cassent la glace et produisent, dans l’enveloppe
qu’elle forme, les anfractuosités qui leur conviennent.
C’est aussi autour de ces vides naturels ou artificiels
qu’on voit des phoques chercher à dévorer des æglefins
pendant la saison rigoureuse.
Mais ces gades peuvent être la proie de beaucoup
d’autres ennemis. Les grandes morues les poursuivent;
et suivant Anderson, que nous avons déjà cité, la
pêche des æglefins, que l’on fait auprès de l’embouchure
de l’Elbe, a donné le moyen d’observer, d’une manière
très-particulière, combien la morue est vorace,et avec
quelle promptitude elle digère ses alimens. Dans ces
parages, les pêcheurs d’æglefins laissent leurs hameçons
sous l’eau pendant une marée, c’est-à-dire, pendant
six heures. Si un æglefin est pris dès le commencement
de ces six heures, et qu’une morue se jette
ensuite sur ce poisson, on trouve en retirant la ligne,
au changement de la marée, que l’æglefin est déjà
digéré : la morue est à la place de ce gade, arrêtée par
le hameçon ; et ce fait mérite d’autant plus quelque,
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attention, qu’il paroît prouver que c’est particulièrement
dans l’estomac et dans les sucs gastriques qui
arrosent ce viscère, que réside cette grande faculté si
souvent remarquée dans les morues , de décomposer
avec rapidité les substances alimentaires. Si, au contraire,
la morue n’a cherché à dévorer l’æglefin que
peu de temps avant l’expiration des six heures, elle
s’opiniâtéë tellement à ne pas s’en séparer, qu’elle se
laisse enlever en l’air avec sa proie.
L’æglefin, quoique petit, est aussi goulu et aussi
destructeur que la morue , au moins à proportion de
ses forces. Il se nourrit non seulement de serpules, de
mollusques, dé crabes, mais encore de poissons plus
foibles que lur, et particulièrement de harengs. Les
pêcheurs anglois nomment haddock-meat, c’est-à-dire,
mets de haddock ou ceglejin, les vers qui pendant l'hiver
lui servent d’aliment, sur-tout lorsqu’il ne rencontre
ni harengs, ni oeufs de poisson.
Il a cependant l’ouverture de la bouche un peu
plus petite que celle des animaux de son genre ; un
barbillon pend à l’extrémité de sa mâchoire inférieure,
qui est plus courte que celle de dessus. Ses yeux sont
grands; ses écailles petites, arrondies, plus fortement
attachées que celles de la morue. La première nageoire
du dos est triangulaire : elle est d’ailleurs bleuâtre ,
ainsi que les autres nageoires ; la ligne latérale voisine
du dos est noire, ou tachetée de noir; l’iris a l’éclat
de l’argent ; et cette même couleur blanchâtre ou
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