l’eau dans laquelle elles se trouvent est peu profonde ,
si par ce peu d’épaisseur des couches du fluide elles
sont moinsà couvert des impressions funestes du froid,
elles périssent dans leur terrier, malgré toutes leurs
précautions'; et le savant Spallanzani rapporte qu’un
hiver fit périr, dans les marais de Commachia, une si
grande quantité d’anguilles, qu’elles pesoient 1,800,000
kilogrammes2.
Dans toute aufre circonstance, une grande quantité
d’eau n’est pas aussi nécessaire aux murènes dont nous
no,us occupons, que plusieurs auteurs lont prétendu.
Le citoyen Septfontaines a pris dans une fosse qui con-
tenoit à peine quatre cents décimètres cubes de ce
fluide, une anguille d’une grosseur très-considérable ;
et la distance de la fosse à toutes les eaux de l'arrondissement
, ainsi que le défaut de toute communication
entre ces mêmes eaux et la petite mare, ne lui
ont pas permis de douter que cet animal n eut vécu
très,-long - temps dans cet étroit espace, des effets
duquel l’état de sa chair prouvoit qu’il n’avoit pas
souffert3.
Nous devons ajouter néanmoins que si la chaleur est
assez vive pour produire une très-grande évaporation
et altérer les plantes qui croissent dans l’eau, ce fluide *
* Pline, liv, 9, cKàp. 21,
* Voyage de Spallàh'iArii, vol. " V I , pag» rS^..
? Lettre du citoyen Septfontaines9 du i 3 juillet 1788.
peut être corrompu au point de devenir mortel pour
l’anguille, qui s’efforce en vain , en s’abritant alors dans
-la fange, de se soustraire à l’influence funeste de cette
chaleur desséchante.
On a écrit aussi que l’anguille ne supportoit pas des
changemens rapides et très-marqués dans la qualité
des eaux au milieu desquelles elle habitoit. Cependant
le citoyen Septfontaines a prouvé plusieurs fois qu’on
pouvoit la transporter, sans lui faire .courir aucun danger
, d’une rivière bourbeuse dans le vivier le plus
limpide, du sein d’une ëau froide dans celui d’une eau
tempérée. Il s’est assuré que des changemens inverses
ne nuisoient pas davantage à ce poisson, et sur trois
cents individus qui ont éprouvé sous ses yeux ces
diverses transmigrations, et qui les ont essuyées dans
différentes saisons, il n’en a péri que quinze, qui lui
ont paru ne succomber qu’à la fatigue du transport, et
aux suites de leur réunion et de leur séjour très-pro-
longé dans un vaisseau trop peu spacieux.
Néanmoins, lorsque leur passage d’un réservoir dans
un aptre, quelle que soit la nature de l’eau de ces viviers,
a fieu pendant des chaleurs excessives, il arrive souvent
que les anguilles gagnent une maladie épidémique
pour ces animaux, et dont les symptômes consistent
dans des taches blanches qui leur surviennent. Nous
Verrons, dans notre Discours sur la manière de multiplier
et de conserver les individus des diverses espèces
de poissons, quels remèdes on peut opposer aux effets