Ces alimens, quelque dure que soit leur nature?
peuvent arriver à l’estomac, d autant plus broyés et
par conséquent susceptibles de subir l’action des
liqueurs digestives, qu’indépendammeUt des mâchoires
osseuses qui tiennent lieu à l’animal de deux dents
très-larges et très - forte#>l’atinga a deux véritables
dents molaires très-grandes, relativement à l’étendue
de la cavité de la bouche, à peine convexes, et sillonnées
transversalement. L’une occupe presque tout le
palais;et l’autre, qui ne cède que très-peu en grandeur
à la première, revêt la partie opposée de l'a gueule,
dans l’endroit le plus voisin du devant de la mâchoire
inférieure.
Lorsqu’on a mangé de l’atinga, non seulement on
peut éprouver des accidens graves, si on a laissé dans
l’intérieur de cet animal quelques restes des alimens
qu’il préfère, et qui peuvent être très mal-sains pour
l’homme; mais encore , suivant Pison, la vésicule du
fiel de ce cartilagineux contient un poison si actif,
que si elle crève quand on vide 1 animal, ou qu on
l’oublie dans le corps du poisson, elle produit sur ceux
qui mangent de l’atinga, les effets les plus funestes:
les sens s’émoussent, la langue devient immobile,
les membres se roidissent ; et à moins qu on ne soit
promptement secouru, une sueur froide ne précédé
la mort que de quelques instans.
Au reste, si la vésicule du fiel, ou quelque autre
portion intérieure du corps de l’atinga, contient un
venin dangereux, il ne peut point faire perdre la vie,
en parvenant jusqu’au sang des personnes blessées par
ce cartilagineux, et en y arrivant par le moyen des
longs piquans dont la surface du poisson est hérissée,
ainsi que quelques voyageurs l’ont redouté. Ces piquans
ne sont point creux jusqu’à leur extrémité ; leur cavité
ne présente à l’extérieur aucun orifice par lequel le
poison pût être versé jusques dans la plaie; et l’on ne
découvre aucune communication entre l’intérieur de
ces aiguillons, et quelque vésicule propre à contenir
et à répandre un suc délétère.