L E X I P H I A S É P É E * .
L a description de cette espèce n’a encore été publiée
par aucun naturaliste. Nous n’avons vu de ce poisson
que la'partie antérieure de la tête:mais comme c’est
dans cette portion du corps que sont placés les caractères
distinctifs des xiphias, nous avons pu rapporter
l’épéeà ce genre; et comme d’ailleurs cette même partie
antérieure ne nous a pas seulement présenté les formes
particulières à la famille dont nous nous occupons, mais
nous a montré de plus des traits remarquables et très-
différens de ceux de l’espadon, nous avons dû séparer
de cette dernière espèce l’animal auquel avoit appartenu
cette portion, et nous avons donné le nom d’épée
à ce xiphias encore inconnu.
Voici les grandes différences qui distinguent l’épée
de l’espadon, et qui suffiroient seules pour empêcher
de les réunir, quand bien même le corps et la queue de
l ’épée seroient entièrement semblables à la queue et au
corps de l’espadon.
Dans ce dernier animal, la prolongation est plate :
elle est convexe dans l’épée.
L’arme de l’espadon est aiguë sur ses bords comme
un sabre à deux tranchans ; celle de l’épée est très-
Xiphias ensis.
H I S T O I R E N A T U R E L L E . 2 9 7
arrondie le long de ses côtés , et par conséquent n’est
point propre à tailler ou couper.
La lame de l’espadon est très-mince : la défense de
l’épée est presque aussi épaisse, ou,ce qui est ici la
même chose, presque aussi haute que large.
On voit trois sillons longitudinaux sur la face supérieure
du sabre de l’espadon, et un sillon également
longitudinal sur la face inférieure de ce même sabre':
on n’apperçoit de sillon sur aucune des surfaces de la
prolongation osseuse de l’épée;
Une extension de l’os frontal, pointue et triangulaire,’
s’avance au milieu des os maxillaires supérieurs de l'espadon
jusqu’au-delà de sa mâchoire inférieure : une
extension analogue n’est presque pas sensible dans
l’épée.
Une seconde extension pointue et triangulaire, appartenant
aux os intermaxillaires, se prolonge dans l’espadon
sur la face inférieure de l’arme, mais ne va pas
jusqu’au-dessus du bout de la mâchoire inférieure :
dans l’épée elle dépasse de beaucoup cette dernière
extrémité.
La peau qui couvre la lame de l’espadon est légèrement
chagrinée : celle qui revêt la défense de l’épée présente
des grains bien plus gros ; et sous les os maxillaires,’
à l’endroit qui répond à la mâchoire inférieure , les tubercules
de cette peau se changent, pour ainsi dire, en
petites dents recourbées vers le gosier.
Voilà donc sept différences qui ne permettent pas de
T O M E i ü 38