liv T) I S C O U R «
de la mer Adriatique , une grande catastrophe les
surprit au milieu de leurs courses, de leurs poursuites,
de leurs combats , e t, leur donnant la mort la plus
prompte , les ensevelit au-dessous de produits volcaniques
, de substances préservatrices, et de matières
propres à les garantie des effets de 1 humidité ou de
tout autre principe corrupteur *.
De plus, parmi les espèces qui n’ont subi, au moins
en apparence , aucune modification dans leurs formes,
ni dans leurs proportions, ni dans leur grandeur, ni
dans leurs tégumens , nous comptons une fistulaire du
Japon ou de l’Amérique équatoriale , enfouie sous des
couches schisteuses du centre de l’Europe ; un pégase
de l’Inde , deux ou trois chétodons de l’Inde ou du
Brésil, et des individus de plus de trente autres espèces
de l’Asie , de l’Afrique, ou des rivages les plus chauds
de l’Amérique , saisis entre les lits solidifiés de ce
même mont Bolca , si digne d’attirer notre attention.
Nous venons de porter rapidement nos regards
* Nous avons dit plus d'une fois que H . le comte de Sazola a commencé
de donner au public un grand ouvrage sur les poissons pétrifiés, conservés
ou empreints dans les couches du mont Bolca. Si ce savant recommandable,
auquel je suis heureux de pouvoir témoigner souvent mon estime, ne
termine pas son importante entreprise, je tâcherai d’arranger mes travaux
de manière à le suppléer en partie, en publiant la figure , > description
et la comparaison des poissons fossiles, ou des empreintes'de poissons,
trouvés dans ce même mont Bolca, recueillis à Vérone avec un soin tres-
éclairé, apportés au Muséum d’histoire naturelle de Paris, et formant
aujourd’hui une des parties les plus précieuses de l ’immense et riche collection
de la république françoise.
SUR LA DURÉE DES ESPECES. Iv
premièrement , sur les espèces altérées dans leurs
organes , et repoussées loin du séjour qu’elles avoient
autrefois préféré ; secondement , sur les espèces non
altérées, mais reléguées ; troisièmement, sur les espèces
altérées , et non confinées dans une portion du globe
différente de celle qu’elles avoient occupée : il nous
reste à considérer un instant celles qui n’ont été ni
dégradées , ni chassées de leur ancienne patrie , dont
nous trouvons des individus , ou desfragmens, ou des
empreintes très-reconnoissables, au-dessous des mêmes
couches terrestres que l’une des dernières catastrophes
du globe a étendues au-dessus des espèces que nous
avons déjà indiquées, et qui , par conséquent, ont
résisté avec plus de facilité que ces dernières , ans
diverses- causes qui modifient les espèces et en précipitent
la durée.
Contentons-nous cependant,- pour ne pas entrer dans
des discussions particulières que les bornes de ce Discours
nous interdisent, et sur lesquelles nous reviendrons
un jour , de jeter les jeux sur deux de ces endroits
remarquables du globe qui ont fourni a l’étude
du naturaliste les empreintes les plus nettes ou les
restes les mieux conservés d’un grand nombre d espèces
de poissons. Ne citons que les environs du Bolca Vero-
nois , et ceux d’Æningen auprès du lac de Constance .
* Voyez ce que le célèbre Saussure a écrit au sujet de la carrière d’Æ-
ningen, et des poissons dont l ’intérieur de celte carrière renferme les
restes ou- les images 5- on trouvera la description qu en donne cet habile