cartilagineux , et même de quelques individus de l’espèce
de l’anguille et d’autres osseux | ave$ lesquels le
gymnote que nous examinons a de très-grands rapports.
On ignore également le temps qui estWtécessaire à
ce même gymnote pour parvenir à son entier développement:
mais comme il n’a pas fallu une aussi longue
suite d’observations pour s’assurer de la manière dont
il exécute ses différens mouvemens, on connoît bien
les divers phénomènes relatifs à sa natation ; phénomènes
qu’il étoit d’ailleurs aisé d’annoncer d’avance,
d’après une inspection attentive de sa conformation
extérieure et intérieure.
Nous avons déjà fait voir * que la queue des poissons
étoit le principal instrument de leur natation. Plus cette
partie est étendue, et plus, tout égal d’ailleurs, le
poisson doit se mouvoir avec facilité. Mais le gymnote
électrique, ainsi que les autres osseux^de son genre, a
une queue beaucoup plus longue que l’ensemble de la
tête et du corps proprement dit; la hauteur de cette
partie est assez considérable ; cette hauteur est augmentée
par la nageoire de l’anus, qui en garnit la
partie inférieure : l’animal a donc à sa disposition une
rame beaucoup plus longue et beaucoup plus haute
à proportion que celle dé presque tous les autres
poissons ; cette rame peut donc agir à la fois sur de
grandes lames d’eau. Les muscles destinés à la mouvoir
* Discours sur la nature des "poissons*
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sont très-puissans; le gymnote la remue avec une agilité
très-remarquable : les deux élémens de la force, la
masse et la vitesse, sont donc ici réunis ; et en effet,
l’animal nage avec vigueur et rapidité.
Comme tous les poissons très-alongés, plus ou moins
cylindriques, et dont le corps est entretenu dans une
grande souplesse par une viscosité copieuse et souvent
renouvelée, il agit successivement sur l’eau qui l’environne
par diverses portions de son corps ou de sa
queue, qu’il met en mouvement les unes après les
autres, dans l’ordre de leur moindre éloignement de
la tête; il ondule; il partage son action en plusieurs
actions particulières, dont il combine les degrés de
force et les directions de la manière la plus convenable
pour vaincre les obstacles et parvenir à son but; il
commence à recourber les parties antérieures de sa
queue, lorsqu’il veut aller en avant ; il contourne, au
contraire, avant toutes les autres, les parties postérieures
de cette même queue, lorsqu’il desire d’aller en
arrière * ; et, ainsi que nous l’expliquerons un peu plus
en détail en traitant de l’anguille, il se meut de la
même manière que les serpens qui rampent sur la
terre; il nage comme eux; il serpente véritablement au
milieu des eaux.
On a cru pendant quelque temps, et même quelques
naturalistes très-habiles ont publié, que le gymnote
* Garden, à Vendroit déjà cité.