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exposés à devenir la victime du gymnote de Surinam *.
Cette considération peut servir à expliquer pourquoi
certaines personnes, et particulièrement les femmes qui
ont une fièvre nerveuse, peuvent toucher un gymnote
électrique sans ressentir de secousse ; et ces faits curieux
rapportés par le savant et infatigable Frédéric-
Alexandre Humboltz, s’accordent avec ceux qui ont
été observés dans la Caroline méridionale par Henri
Collins Flagg. D’après ce dernier physicien, on ne peut
pas douter que plusieurs Nègres, plusieurs Indiens, et
d’autres personnes, ne puissent arrêter le cours de la
vertu électrique ou engourdissante du gymnote de
Surinam , et interrompre une chaîne préparée pour
son passage ; et cette interruption a été produite spécialement
par une femme que l’auteur connoissoit
depuis long-temps, et qui avoit la maladie à laquelle
plusieurs médecins donnent le nom de Jièvrc hectique,
C’est en étudiant les ouvrages de Galvani, de Humboltz
, et des autres observateurs qui s’occupent de
travaux analogues à ceux de ces deux physiciens, qu’on
pourra parvenir à avoir une idée plus précise des
ressemblances et des différences qui existent entre la
vertu engourdissante du gymnote, ainsi que des autres
poissons appelés électriques, et l’électricité proprement *
* C’est par une raison semblable que lorsqu’une torpille ne donne plus
de commotion sensible, on obtient des signes de la vertu qui lui reste encore,
en soumettant à son action une grenouille préparée comme pour les expériences
galvaniques. Voyez les Mémoires de Galvani> déjà cités.
dite. Mais pourquoi faut-il qu’en terminant cet article,
j’apprenne que les sciences viennent de perdre l’un de
ces savans justement célèbres, le citoyen Galvani, pendant
que Humboltz, commençant une longue suite de
voyages lointains, utiles et dangereux, nous force de
mêler l’expression de laj crainte que le sentiment inspirera
celle des grandes espérances que donnent ses
lumières , et'dé la reconnoissance que l’on doit à sor
zèle toujours croissant !